Piet Swerts (1960-)
Le Bestiaire, d'après G. Appolinaire

Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Le Carnaval des Animaux (arr. P. Swerts)

Roeland Hendrikx Ensemble

Nicolas Dupont, violon
Camille Joubert, violon
Sander Geerts, alto
Sevak Avanesyan, violoncelle
Liebrecht Vanbeckevoort, piano
Roeland Hendrikx, clarinette

Voilà un album aussi joliment réalisé qu’original. Ce petit livre-disque illustré de manière charmante témoigne du "Bestiaire Project" qui donna lieu à un documentaire consacré à Guillaume Apollinaire et au traitement des animaux de la ferme. Curieux projet qui conduit à métamorphoser le si souvent joué "Carnaval des Animaux". Le compositeur Piet Swerts propose ainsi sa version remaniée en 2019 avec beaucoup de raffinement et cela fonctionne à merveille. C’est fait dans l’esprit d’un coloriste, avec infiniment de tact et de délicatesse. L’ensemble instrumental est transformé avec une verve à "la Poulenc" mais sans provocation. On entre dans un autre univers, si "français" de l’entre les deux-guerres, classique et impressionniste à la fois. Sans rien perdre, pourtant de l’ironie. C’est admirablement bien joué par le sextuor du Roeland Hendrikx Ensemble. Le "Bestiaire" fait référence aux six poèmes de 1911 d’Apollinaire, mis en musique entre 1918 et 1919 par Poulenc. Seize courtes pièces sont cette fois-ci réunies dans la partition de Piet Swerts. Le piano qui accompagnait est rejoint d’autres instruments qui nous font oublier l’absence de la voix du baryton. L’arrangement est des plus réussis, assez fauréen et comme enrichi de quelques touches de Caplet et de Dukas. Juste ce qu’il faut de saveur enfantine. A noter aussi la reprise, pour "Le Chat", du thème de "Pierre et le Loup" de Prokofiev. Quand on sait que celui-ci vécut plusieurs années en France… Bref, on se régale d’un hommage aussi frais et amoureusement ciselé. Cette pièce pourrait aisément s’inscrire dans le répertoire des sextuors (Jean Dandrésy)

Sweet Saint-Saëns and wicked Apollinaire may be empires apart, but their hilarious animal portraits in Le Carnaval des Animaux and Le Bestaire ooze the same satirical genius. Belgian composer Piet Swerts translated the evident musicality in the Bestiaire poems into real melodies, and he rearranged Le Carnaval for clarinet, strings and piano. The acclaimed Roeland Hendrikx Ensemble fuses both zoos in an unparalleled chamber-musical Animal Farm which showcases the grand façades but also the foibles of the normal, and not so normal creatures that populate it.