 Aux XVIIème et XVIIIème siècles existaient des clavecins munis d’un jeu de cordes de 16 Pieds (par analogie avec l’orgue) qui permettaient à l’instrument une ampleur sonore très amplifiée, surtout dans le grave. Ce type d’instrument était, comme le clavecin à pédalier, souvent utilisé comme instrument d’étude en vue de maîtriser le jeu plus complexe de l’orgue.C’est à cette expérience sonore inédite que nous invite ici Magdalena Hasibeder, sur un instrument construit récemment (aucun exemplaire d’époque n’ayant survécu), en choisissant des œuvres qui, si elles ont été pensées pour des instruments moins puissants (clavicorde, clavecin "ordinaire ", pianoforte et piano à tangentes pour les deux dernières pièces), pourraient,par leur caractère propre, parfaitement sonner sur un orgue. Cette impression de "musique d’orgue jouée sur un super-clavecin" est renforcée par l’emploi prédominant du fameux jeu de 16 pieds, qui transforme complètement l’effet produit par ces pièces,qui ont toutes été enregistrées dans des interprétations plus conventionnelles. Une curiosité pour amateurs de surprises musicales ! ! ! (Jean-Michel Babin-Goasdoué)  Le terme Stylus phantasticus, inventé au XVIIIe siècle, permet un style de composition libre, échappant « à toute obligation » que représentent la mélodie et la mesure. Sur son premier CD, la jeune claveciniste autrichienne Magdalena Hasibeder se consacre aux formes typiques de cette musique libre soumise uniquement aux lois de l’harmonie, comme la toccata, le prélude et la fantaisie. C’est grâce à son registre de 16’ qu’émane la somptuosité du timbre de l’instrument qu’elle a choisi, dû à Matthias Kramer, d’après la facture de clavecin caractéristique de Hambourg vers 1750. Longtemps tombé dans l’oubli, ce type inhabituel de clavecin bénéficiait toutefois déjà de l’estime de Johann Sebastian Bach : pour la richesse des variantes qu’il offre sur le plan de la technique de jeu et que Magdalena Hasibeder explore en faisant preuve de perfection et de ferveur au travers des œuvres de Buxtehude, Böhm, Weckmann et des deux illustres fils Bach.
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