Une œuvre rare, très rare de Stravinski, datant de sa période néo-classique, Perséphone, un mélodrame lyrique sur un texte d’André Gide. Une voix rare, très rare, Fritz Winderlich, l’un des plus grands ténors du XXe siècle, mort prématurément, ici au sommet de son art. Un enregistrement rare de ce chef d’œuvre du compositeur russe, si rarement donné en concert, dans la série « Première sortie Master » du label Audite, qui puise ses sources dans les bandes originales des archives radiophoniques, ce qui lui confère une qualité sonore inégalable.  Un enregistrement du 11 novembre 1960, qui consiste en trois grandes parties (le Rapt de Perséphone, Perséphone aux Enfers, la Résurrection de Perséphone) consacrées, sur le texte de Gide inspiré de l’Hymne à Déméter, à évoquer le grand mythe grec de la culture : enfouissement du grain sous terre et son retour sous forme de blé. Il ne manque qu’un livret, qui permettrait de mieux rendre justice au texte défendu avec beaucoup de véhémence par la récitante. Après un début en « coup de poing » confié à la belle voix du ténor, qui tantôt « chante » tantôt déclame et scande, de très beaux chœurs, tantôt apaisés, tantôt régulièrement syncopés alternent avec les voix, comme le commentaire que la tragédie antique confiait déjà au chœur. Un lyrisme inattendu chez l’auteur du Sacre du Printemps, dont on retrouve la violence grandiose dans la seconde partie, tandis qu’un ensemble de voix enfantines achève l’œuvre, sans… l’achever. Une belle découverte. (Danielle Porte)
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