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Diapason de octobre 2015 Critique de Nicolas Derny Page n° 120
Format : 1 CD Durée totale : 00:47:47
Enregistrement : 29/11-07/12/2014 Lieu : Prague Pays : République Tchèque Prise de son : Studio / Stereo
Label : Supraphon Référence : SU4172 EAN : 0099925417222 Code Prix : DM020A
Année d'édition : 2015 Date de sortie : 01/07/2015
Genre : Classique
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Bedrich Smetana (1824-1884)Quatuor à cordes n° 1 en mi mineur "De ma vie" Quatuor à cordes n° 2 en ré mineur Quatuor Pavel Haas
Veronika Jaruskova, violon Marek Zwiebel, violon Pavel Nikl, alto Peter Jarusek, violoncelle
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 Je sais que les Quatuors de Smetana sont ses opus absolus, loin devant Ma Vlast ou La Fiancée vendue, mais voilà il faut parfois un disque pour confirmer une certitude. Le choc que j’ai ressenti lors des premières mesures du Quatuor « de ma vie » m’a soudain replongé l’année de mes quatorze ans lorsque je découvrais le sombre récitatif dramatique qui ouvre cette partition inépuisable où Janacek a trouvé le sens de ses propres quatuors. J’alternais les deux seules versions que je connaissais alors, celle du Quatuor Janacek et celle du Quatuor Smetana. S’y sont ajoutés ensuite les deux disques du Quatuor Talich puis l’enregistrement astringent et assez bluffant du Quatuor Lindsay. Mais aujourd’hui je suis certain que ces deux opus ont trouvé leurs interprètes. Le Quatuor Pavel Haas n’en est pas à son coup d’essai, il regarde les deux opus de Smetana d’en aval, du point de vue décisif que leur offrent les quatuors de Janacek dont ils ont laissé une version âpre. Relu ainsi, le lyrisme tourmenté du Premier Quatuor prend un ton radical, sonne définitivement comme de la musique moderne. Et le Second, qui ne se reconnait comme modèle que les derniers quatuors de Beethoven devient sous leurs archets mordants une œuvre quasi expérimentale : écoutez le brasier ardent qui ouvre l’Allegro non piu moderato, puis la fugue hagarde qui suit. Smetana était alors poursuivi par la folie, l’internement en hôpital psychiatrique lui sera fatal. C’est ce désespoir, cet égarement ultime d’un compositeur reclus dans sa surdité depuis plusieurs années déjà que le Quatuor Pavel Haas expose crument. Version radicale et probablement définitive pour cette paire de chefs-d’œuvre terrifiants (Discophilia, Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)

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