1828 : au seuil de la mort, Schubert écrit ses trois dernières sonates pour piano. Lars Vogt grave l’ultime D. 960 et la couple, en toute cohérence, avec les Klavierstücke, D. 946, de quelques mois antérieurs.

Dans une lecture à la fois sereine et grave de la Sonate en si bémol majeur, le pianiste adopte des tempi considérablement lents – durée d’exécution d’un peu plus de trois quarts d’heure. Option recevable, au demeurant, et pleinement assumée d’autant plus que la palette dynamique est suffisamment variée, au contraire des couleurs, plutôt grisâtres (à l’image de la pochette) , l’Allemand délivre la charge expressive de ces ultima verba avec justesse et dignité. Seul l’Andante sostenuto, qui succède à un prégnant Molto moderato, laisse sceptique tant le discours tend à se déliter. L’Allegro ma non troppo saisit quant à lui par sa force intérieure.

Comme il s’en explique à la suite du long et intéressant entretien qui tient lieu de notice (traduite en français mais avec de grossières coquilles), Lars Vogt joue la version originale du Premier Klavierstück, réhabilitant ainsi la seconde section centrale pourtant raturée par Schubert. Le discours est, une fois de plus, fermement tenu mais la sonorité, parfois rude, et les traits, souvent appuyés, constituent autant de bémols.