Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano n° 21 en si bémol majeur, D 960
Trois klavierstücke, D 946
Moments Musicaux, D 780

Dina Ugorskaja, piano

Les ultimes portées griffonnées par Schubert de son écriture autistique pour l’instrument roi de sa solitude, le piano, auront été lues et souvent interprétées par tant de pianiste au disque depuis que Schnabel le premier y aura porté son regard…mais pourtant dans cet abandon concert la voix discrète, sincère, modeste et émue de Dina Ugorskaja sait se faire entendre. Elle évite les abimes de la 21e Sonate, lecture sereine, douce en fait et qui accorde d’un seul geste les élégies des deux premiers mouvements aux libertés heureuses des ultimes. Pour beaucoup ce ne sera pas assez dire, mais tout Schubert y est, et le plus intime. Ce qui pouvait manquer de caractère dans la Sonate disparait dans les Klavierstücke et les Moments musicaux, joués d’évidence, lyriques et pudiques à la fois, d’une nostalgie absolue. Elle entend les trois cahiers - on oublie trop que les Moments musicaux sont en deux volumes de trois pièces chacun - comme un tout, série de faux impromptus tendant aux nocturnes, et fait entendre derrière le chant si beau, si simple, un ballet d’ombres inquiètes. Approche unique qui nous rappelle que cette musicienne pour les musiciens aura déjà parlé vrai chez Bach, chez Beethoven, après nous avoir quitté bien trop tôt. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)