Un disque portrait du compositeur espagnol José M. Sanchez-Verdu, né à Algésiras en 1968, présentant principalement des œuvres pour grand orchestre interprétées par quelques uns des plus grands chefs d’aujourd’hui, Lothar Zagrosek, Marek Janowski, Peter Rundel et Pascal Rophé.  Compositeur né en 1968 à Algésiras (Espagne). Des études à Madrid de 1986 à 1994 (diplôme de composition, de musicologie et de direction d’orchestre ainsi que de droit à l’Universidad Complutense). Entre 1991 et 1995, il enseigne le contrepoint au Real Conservatorio Superior de Musica à Madrid. En 1992, il suit l’enseignement de Franco Donatoni (Siennne), entre 1996 et 1999 celui de Hans Zender et obtient une bourse du DAAD / La Caixa à Francfort. En 1997, il est boursier de l’Académie espagnole de Rome, et en 2007 du EXPERIMENTALSTUDIO des SWR. En 2005, il est compositeur en résidence du festival Carinthischer Sommer (Autriche). Depuis 2001, il enseigne la composition à l’Université Robert Schumann à Düsseldorf. / Parmi les prix de composition citon notamment le prix Cristobal Halffter (1995), veux de la société des auteurs espagnols (SGAE) en 1996 et en 1997, le prix Ciutat d’Alcol (1997), le prix Colegio de Espana à Paris (1998), celui décerné par la Junge Deutsche Philharmonie (1999), le prix Irino (Tokyo, 1999), le prix de la fondation Ernst von Siemens (Munich, 2001), le prix de composition de la Bergische Biennale (2002) ainsi que le prix national de composition du Ministère espagnol de la culture (2003). Il a dirigé de nombreux concerts, donne des conférences, enseigne dans le cadre de stages et écrit. / Il a reçu de nombreuses commandes, notamment du Teatro Real Madrid, de la Biennale de Munich, de l’Opéra d’Etat de Berlin, du Konzerthaus Berlin, du festival de musique de Schleswig-Holstein, de l’Expo 2000 de l’Orchestre symphonique de Nuremberg et l’orchestre national d’Espagne. Ses œuvres ont été jouées entre autres à la Philharmonie de Berlin, au Konzerthaus de Berlin, au Concertgebouw Amsterdam, au Lincoln Center New York, par l’Ensemble Modern, l’ensemble recherche, la Neuw Sinfonietta Amsterdam, la musikFabrik, l’Orquesta Nacional de Espana, l’Orchestre de la Suisse Romande, l’Orchestre symphonique de Lucerne, l’Orchestre de la Radio Philharmonie de Hanovre, le RSO Francfort etc.  Sur la colline qui domine d’un côté les vieux quartiers de la ville de Gijón, au nord de la Principauté des Asturies, et de l’autre la mer a été installé en 1990 un extraordinaire monument de béton armé – c’est plus qu’une sculpture – conçu par Eduardo Chillida. Devenu symbole de la ville au même titre que le Guggenheim pour Bilbao, merveille d’équilibre et de légèreté, à la fois ouvert et fermé, c’est l’Elogio del horizonte. C’est aussi le titre d’une des pièces rassemblées dans le portrait musical de José María Sánchez-Verdú – jeune compositeur espagnol, puisque né en 1968, à l’opposé des Asturies, à Algesiras – proposé par Kairos, sans d’ailleurs que le rapprochement entre les deux œuvres d’art soit autorisé par une quelconque information relative aux sources d’inspiration du compositeur. Mais pour ceux qui connaissent la réalisation du grand sculpteur basque, ce rapprochement s’impose d’évidence. Dans la brève pièce musicale, écrite entre 2005 et 2007 par Sánchez-Verdú, superbe hymne à la nature, après une sorte d’apparition royale du soleil à l’horizon, la clarinette finit par s’imposer en son centre, le souffle du clarinettiste faisant penser au bruit sourd des vagues s’écrasant sur les rochers situés au pied de la colline de Gijón et curieusement happé puis emprisonné par le monument de Chillida.La pièce est précédée et suivie de deux compositions. La première, Alqibla, est la plus ancienne (1998). Le compositeur y démontre déjà une belle science de l’orchestration. Les plages dévolues aux cordes, brisées par de puissants fracas orchestraux, suivis de très expressifs pizzicati, font partie d’une architecture musicale indéniablement bien construite. La deuxième, La rosa y el ruiseñor (2005), pour soprano, baryton, violes de gambe et orchestre, est une superbe broderie sur des textes de Saint Jean-de-la-Croix et en fait la treizième scène d’un opéra, El viaje a Simargh, représenté au Teatro Real en 2007 L’usage surprenant des violes de gambe lui donne une couleur fort originale et parfaitement adaptée aux textes repris. Les influences juives et arabes comme l’inspiration chrétienne sont creusées au profit d’un mysticisme digne des grands devanciers espagnols. L’Eloge de l’horizon est suivi de Ahmar –aswad (2000-2001), traduit par Rouge-noir. Commande de la région andalouse, c’est la pièce la plus courte de l’album mais son caractère contrasté et dramatique, faisant à un moment penser curieusement à un passage d’Alexandre Nevski de Prokofiev, avant la bataille sur la glace, marqué sur la fin par de multiples vibratos, est particulièrement impressionnant. Enfin, la dernière pièce, le triptyque Paisajes del placer y de la culpa (2003), comporte des descriptions de jardins de verre, de soie et d’or. Le mystère et la fragilité laissent place aux glissandi et aux froissements, puis aux scintillements et à la puissance de l’évocation de la puissance de l’or.L’ensemble démontre que, dans un pays de mission comme l’Espagne après tant d’années de glaciation franquiste marquées par la niaiserie du Concierto de Aranjuez (1939) et la dictature de la zarzuela, peuvent finalement naître de grands talents musicaux, même si Sánchez-Verdú partage, aux dires de la notice, aujourd’hui sa vie entre Madrid, Berlin et Düsseldorf. Il y aurait lieu à l’évidence d’explorer plus avant sa création et de sortir un peu des « ronds-ronds » parisiens habituels. On écrit d’excellente musique de l’autre côté des Pyrénées. Luis de Pablo, né en 1930, n’est pas seul et la relève est là.Les prises de son du disque, au plus près des instrumentistes, sont toutes remarquables. Mention spéciale pour l’enregistrement d’Alqibla sous la direction limpide de Lothar Zagrosek.
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