Après l’Amérique latine et le formidable succès de leur enregistrement CelloTango, les deux membres du CelloProject partent à l’autre bout du monde pour découvrir et nous faire découvrir l’insondable âme russe. Entre la mélancolie de Rachmaninov et la folie de la musique de Kapustin, Russian Soul fera de vous un accros du duo violoncelle/piano. Dépaysement garanti !  Revolvérisons d'abord nos comptes avec ce qui terrestrement ne va pas. Pour ce duo instrumental tout à fait méritant, la prise de son est un peu moirée, chromée, sans profondeur. Résumons : limandée. Et puis, cette nouvelle affèterie anti musicale de disc-jockey du son consistant à enregistrer un début de morceau anormalement bas, avant de forcer artificiellement le volume au potentiomètre de la table de mixage. De même, nous n'aimons pas beaucoup ici cet instrument violoncelle dont les aigus semblent avoir fait leur temps dans la narine, et dont les basses n'ont pas assez la glotte miraculeuse pour vous prendre vraiment au trip. Et nous n'avons pas fini : pas de date d'enregistrement, ni présentation des interprètes, ni minutages au dos de la pochette, ni traduction française du livret germano-anglais (inimaginable naguère pour tout mélomane européen...). Maintenant, la musique. Dans le genre russe néo-classique, toute la partie Rachmaninov est estimable, encore que manquant parfois d'un vrai lyrisme sachant toutefois jusqu'où ne pas aller trop loin, surtout, dans le déboutonnage (plage 4, Melody). La sonate demeure elle aussi un peu scolaro-corsetée : se reporter aux anciens Tortelier ou Shafran. Cela dit, c'est bien et courageux par ailleurs de nous faire découvrir ce septuagénaire russe inconnu, Kapustin (ancien élève pianiste de Goldenweiser, s'il-vous plaît quand même !). Là, c'est du néoclassique à la puissance rétrojazzifiante. Un peu du Gershwin moscovite, qui fort opportunément ne songerait pas même aller tenter de casser la première patte à un canard cul-de-jatte. Dans un registre plutôt second choix, on dirait à la rigueur de l'école française post-impressionniste qui s'encanaille, tendance ici où là Milhaud ou Poulenc. Cela s'écoute, histoire d'un petit bœuf sur le toit. Après quoi, dans notre remembrance émotionnelle, cela s'égoutte aussi. (Gilles-Daniel Percet)  Après le formidable succès de leur CD de tango, paru en 2008 chez Genuin, Eckart Runge et Jacques Ammon – en bref : cello project – ont cette fois pris la direction du Far East. Les souvenirs qu’ils en ont rapportés ? Quelques œuvres merveilleusement mélancoliques et fougueuses de Rachmaninov (coeur brisé garanti), oui ... mais pas seulement. Dans leurs valises, ils ont également engrangé des images, totalement nouvelles, des gouffres des rues moscovites et de l’insondable âme russe : la musique de Nikolaï Kapustin l’effréné, le comique, le tragique, et avec elle, le premier enregistrement mondial de sa grandiose deuxième sonate pour violoncelle. Là a lieu la rencontre de profonds soupirs et de rythmes chauds, de Central Park et de la Place rouge ... Magnifique !
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