Richard Strauss (1864-1949)
Arabella, opéra en 3 actes

Renée Fleming (Arabella)
Thomas Hampson (Mandryka)
Albert Dohmen, Gabriela Benacková (Adelaide)
Albert Dohmen (Waldner)
Hanna-Elisabeth Müller (Zdenka)
Daniel Behle (Matteo)
Derek Welton (Dominik)
Benjamin Bruns (Elemer)
Steven Humes (Lamoral)
Daniela Fally (Fiakermilli)
Jane Henschel (Kartenaufschlägerin)
Staatskapelle et Sächsischer Staatsopernchor Dresden
Christian Thielemann, direction
Florentine Klepper, mise en scène

Le spectacle réglé par Florentine Klepper, parfait, de pure tradition, juste relevé d’une direction d’acteur à propos finement inscrite dans la musique, suffirait à recommander cette soirée salzbourgeoise, d’autant qu’elle fut filmée avec art par Brian Large, jamais moins routinier que devant le théâtre bourgeois. Mais il y a plus. Outre qu’y entendre la Staatskapelle, créatrice de l’œuvre au Semper Oper de Dresde le 1er juillet 1933, n’est pas indifférent, Renée Fleming, qui avait étrenné le rôle sept ans auparavant à Zürich, y est autrement éblouissante, sentimentale juste comme il faut, chantant divinement les émotions et les révoltes dans sa voix de crème, incarnant le personnage avec une vérité dramatique qui battra en brèche ceux qui la supposent généralement potiche, ce qu’elle n’est en fait jamais en scène. Son "Arabella" est le pendant émotif de sa Comtesse Madeleine de Capriccio, deux achèvements parfait de son art, plus encore que sa Maréchale. A Salzbourg, contrairement à Zürich, elle trouvera son antagoniste idéal : quel Manndryka, hobereau passionné et un rien amer, campe Thomas Hampson, et quelle prestance en scène, avec dans la nature même de son chant comme le rappel de celui de Dietrich Fischer-Dieskau. Le plus beau couple depuis celui qu’il formait avec Julia Varady. Sans coup férir ? Comprimari idéaux, Hanna-Elisabeth Müller, Zdenka subtile, un Matteo d’anthologie (Daniel Behle), Benackova en Adelaide et Dohmen en Waldner, l’incroyable Daniela Fally en Fiakermilli (pas trop coupé). Et Thielemann ? "Arabella", de New York (une captation au MET avec Kiri te Kanawa a été publiée) à Dresde, est devenu son opéra straussien, il mène la comédie bourgeoise jusqu’à son quasi point de rupture- l’acte II est stupéfiant – y invite l’univers de Schnitzler, immerge le spectacle dans une étrange atmosphère d’apocalypse faussement joyeuse qui ne s’oublie plus, d’autant qu’elle rappelle les gestes d’un Karl Böhm, d’un Clemens Krauss. Pas loin d’être historique. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)