 Qu’on n’attende pas de Mikhell Poll le grand son expansif des virtuoses qui auront cravaché le Troisième Concerto. Sa sonorité naturellement discrète et même un peu mince effleure l’œuvre, lui donne une légèreté déconcertante, parfois trop allusive pour l’Allegro, uniment lyrique et souvent assez touchant ; mais écoutez seulement l’Intermezzo, comme ce piano phrase et colore. C’est d’un artiste, qui maitrise le temps long de l’œuvre, refuse toute esbroufe, et pour l’Alla breve déboutonnera soudain une virtuosité filante, fluide, assez ébouriffante. Contraste total et assumé avec le Concertino d’Eduard Tubin, partition exubérante, de couleur parfois française et dont les effets d’ostinato rappellent Martinu. Le lento central, laissé au seul piano, ouvre un autre horizon, bien plus ténébreux. Mikhel Poll le poétise avec art, alors qu’il envole littéralement le reste de l’œuvre, fusant son écriture alerte qui s’insère dans un orchestre tout aussi pointu, magnifiquement tenu par Mihhail Gerts dont la battue était autrement libre et rapsode chez Rachmainov, mais pour Tubin, pour son motorisme poétique, le métronome est essentiel. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Œuvre de flamme et de passion, le 3ème concerto pour piano de Rachmaninov ploie sous une abondance de versions discographiques. Confrontée à une telle concurrence, il va sans dire que chaque nouvelle interprétation se transforme en gageure. Le romantisme appuyé de l’œuvre exige un subtil dosage du dialogue avec l’orchestre afin d’éviter le piège de la caricature sentimentale. Hélas, Mihkel Poll confond vitesse et précipitation dans l’Allegro ma non troppo et semble avoir oublié d’instiller l’indispensable sentiment de tendresse qui d’ordinaire irradie l’Intermezzo Adagio. Le Finale, servi par un accompagnement orchestral terne et brouillon déprécie plus encore cette interprétation impersonnelle. Fort heureusement, ce disque est sauvé par son complément. Il est judicieux d’avoir retenu le Concertino pour piano et orchestre du compositeur estonien Eduard Tubin. La défense du répertoire national est une cause juste d’autant que le langage musical de Tubin s’inscrit aussi dans ce courant postromantique. Après une introduction lisible et rythmée, s’ouvre une longue plage de respiration du piano. Les passages limpides, chaleureux, rayonnants se déploient dans la partie centrale avant de célébrer un final dynamique. Cette œuvre, à découvrir pour ses couleurs et son esprit poétique, permet d’atténuer l’impression défavorable laissée initialement. (Jacques Potard) Recorded with Estonian National Symphony Orchestra (ERSO), under the baton of Mihhail Gerts, the Mihkel Poll’s new album features the Everest of piano repertoire – Sergei Rachmaninoff’s Piano Concerto No.3 along with the Concertino by pianist’s compatriot, Eduard Tubin. The release follows the album featuring Artur Lemba’s Piano Concerto No.1 recorded equally with ERSO under Neeme Järvi. This is Mihkel Poll’s third album released by DUX Records. Kristel Pappel writes in the introduction of her essay about the works: While composers Sergei Rachmaninoff (1873–1943) of Russia and Estonian Eduard Tubin (1905– 1982) are of different generations, their individual life circumstances have much in common. Both had to escape from their homelands as refugees to the United States and Sweden, respectively. Rachmaninoff did so as a result of the October Revolution of 1917 while Tubin fled the Soviet Union’s occupation of Estonia in 1944. The two never met, but Tubin did have the good fortune to attend one of Rachmaninoff’s recitals in Vienna in 1938, which left a deep impression on the young composer. His typically Estonian shyness precluded him from making an introduction to the famous Rachmaninoff. Although the music of these two composers is strikingly different, they are both symphonic dramatists at heart.
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