Prokofiev The Gambler Kasrashvili Maslennikov Lazarev - OPD7058 - Lyrique - par Opera dOro

Une création longuement différée – Prokofiev entreprend l’ouvrage en 1914, aucun théâtre russe ne voudra la créer au lendemain de la guerre malgré l’entremise de Meyerhold, effrayé par le modernisme de l’ouvrage – qui connut de nombreuse péripéties – Prokofiev dut renoncer à une proposition de l’Opéra de Chicago, la partition étant restée en Russie, en place il composera L’amour des trois oranges – semble avoir peser lourdement sur la postérité de l’ouvrage. Pourtant, Le Joueur (Igrok en russe), qui connaîtra finalement les feux de la rampe au Théâtre de la Monnaie le 29 avril 1929, ne le cède en rien à son autre opéra futuriste, L’Ange de feu. / Partition formidable, avec son orchestre motoriste, ses emplois corsés, son contant aller retour entre ironie et vertige psychologique, Le Joueur a connu ces dernières années grâce à plusieurs productions remarquables, une réévaluation salutaire. On éprouve donc un plaisir sans mélange à découvrir cette captation radiophonique de la création au Bolchoi en ….1974 ! Gennady Rozhdestvensky avait dévoilé l’ouvrage dix ans auparavant à la Radio de Moscou (l’enregistrement existe), mais la vie du théâtre est essentielle au Joueur et cette gravure captée sur le vif, dirigée à un train d’enfer par Alexander Lazarev est simplement étourdissante. Le chef réenregistrera l’ouvrage en 1982 pour le disque et avec une distribution en partie similaire, mais on le préfère ici, d’autant que son équipe est parfaite, à commencer par l’Alexis de Maslennikov, inapprochable d’ironie et de folie, mais la Pauline de Kasrashvilli et le Général d’Alexander Ognitsev ne sont pas en reste. Version à marquer d’une pierre blanche, très bien captée de surcroît (Discophilia, Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)