Serge Prokofiev (1891-1953)
Le Joueur, opéra en 4 actes

Sean Panikkar, ténor (Alexei Ivanovich)
Asmik Grigorian, soprano (Polina)
Violeta Urmana, soprano (Antonida Vasilevna Tarasevicheva)
Peixin Chen, basse (Le Général)
Juan Francisco Gatell, ténor (Le Marquis)
Michael Arivony, baryton (Mr. Astley)
Nicole Chirka, mezzo-soprano (Blanche)
Joseph Parrish, basse-baryton (Poyapych)
Zhengyi Bai, ténor (Prince Nilsky)
Ilia Kazakov, basse (Baron Wurmerhelm)
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Wiener Philharmoniker
Timur Zangiev, direction
Peter Sellars, mise en scène

Description de la folie du jeu et de ses conséquences dramatiques sur les êtres, « Le Joueur » se détourne des conventions de l’opéra traditionnel éludant les « grands airs » au profit d’une déclamation ininterrompue allant jusqu’au paroxystique, ce qui exige un grand talent théâtral. Pari réussi en 2024 à Salzbourg avec une distribution internationale réunissant Sean Panikkar époustouflant d’aisance, Asmik Grigorian égale à elle-même c’est-à dire-parfaite (mais pourquoi en avoir fait une « activiste » en jeans et T-shirt ?), Peixen Chen formidable basse, Violeta Urmana puissante et touchante à la fois, Nicole Chirka impressionnante de présence en dépit d’un rôle mineur, Juan Francisco Gatell ténor impeccable, Michael Arivony baryton lumineux. Sous la conduite vigoureuse du jeune chef russe Timur Zangiev l’orchestre philharmonique de Vienne et le chœur font sonner une partition ardue qui atteint son apogée dans la grande scène infernale de la roulette à l’acte IV. La mise en scène clinquante de Peter Sellars (énormes roulettes montant et descendant telles des soucoupes volantes), parti pris de modernité bien inutile (sms, iphone…) et choix scéniques contestables (barbouillage à la peinture du comte…) n’emportent pas l’adhésion. À ces réserves près, cette réalisation que l’on comparera utilement à la version enthousiasmante Barenboim/Tcherniakov de 2008 permet de (re)découvrir cette rareté lyrique. (Gérard Martin)

Le Felsenreitschule transformé en casino géant un brin post-atomique, vitres et miroirs éclatés, végétation envahissante, donne le ton. Peter Sellars fait du roman de Dostoïevski mis en musique avec autant de brio que de mordant par un jeune Prokofiev un conte d’aujourd’hui, une parabole, occasion de renouer avec ce fantasme de l’opéra-spectacle qui le hanta jadis.Le sujet du Joueur est éminemment politique, au point de déshumaniser ses protagonistes à peine plus que des pions livrés aux caprices de la possession, aux égos rapaces, qui finiront broyés sous le rouleau compresseur du capitalisme. Est-ce pour cela que Peter Sellars semble avoir abandonné ses chanteurs, renonçant à la direction d’acteur au point de les rendre comme déjà vidés de toute substance ? Le spectacle fascinera évidemment, où ennuiera (le ballet des roulettes se prenant pour des soucoupes, idée assez grotesque), la proposition peine à convaincre, alors on fermera les yeux et on écoutera l’orchestre mi brasier mi persifflage que Timur Zangiev fait jaillir des Wiener Philharmoniker, méconnaissables. On écoutera surtout la Polina superlative d’Asmik Grigorian pleurant qu’elle ait si peu à chanter, on admirera l’engagement physique et le chant stylé de l’Alexey de Sean Panikkar, on applaudira la performance désopilante, explosive de Violetta Urmana, Antinoda grand teint, tous faisant de cette soirée Salzbourgeoise un ajout majeur plus à la discographie de ce brulot qu’à sa vidéographie. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Based on a short novel by Dostoyevsky, Prokofiev's The Gambler unfolds in the fictional casino town of Roulettenburg, where a variety of characters converge and clash. These characters include a General indebted to a covetous Marquis, the General's resentful stepdaughter Polina, and Alexey, who harbors feelings for her. Director Peter Sellars, known for his insightful interpretations of overlooked masterpieces, challenges us to mirror the bravery of Dostoyevsky and Prokofiev – the courage to confront our inner darkness. The musical direction of Russian conductor Timur Zangiev shines together with the vocal performances of the exceptional cast: "Asmik Grigorian portraying a passionate Polina, and Sean Panikkar delivering a powerful performance as Alexei" (Financial Times)