Francis Poulenc (1899-1963)
Stabat Mater, pour soprano, chœur & orchestra, FP 148
Les biches, ballet, FP 36

Marlis Petersen, soprano
SWR Vokalensemble Stuttgart
Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR
Stéphane Denève, direction

Le Stabat Mater est une œuvre qui reste ouverte à des interprétations plurielles, religieuse certes puisqu'elle s'inspire des motets du XVIIe siècle et écrite en mémoire d'un ami (le décorateur Christian Bénard), mais aussi non exempte d'un noble prosaïsme, de cette humanité propre à Poulenc. Ambigüité du personnage, à la fois moine et voyou, tel que l'avait défini Claude Rostand. On retrouve le voyou dans le ballet devenu suite symphonique « Les Biches » composé pour les ballets russes et dont le livret, qui décrit une sorte de marivaudage petit bourgeois, fut écrit par Poulenc lui-même. Très belle lecture de Stéphane Denève qui éclaire d'une lumière vibrante et apaisée l'écriture du texte et de la musique fort contrastée du Stabat Mater. Chaque épisode est soigneusement mis en place, respectant la texture orchestrale, les parties chorales, et laissant filtrer la voix claire et délicate de la soprano Marlis Petersen. Vision sereine certes mais qui ne néglige pas le venin distillé ici et là dans les recoins sombres de la partition. Les effectifs de Stuttgart sont impeccables comme à l’accoutumée. Idem pour « Les Biches ». Denève anime les neuf tableaux avec une fougue, une verdeur épatante digne d’un Josef Krips. (Jérôme Angouillant)