Un événement discographique ! Voici le premier des quatre volumes de la première intégrale qui regroupe en disque la totalité des œuvres pour clavecin parvenues jusqu’à nos jours de Giovanni Benedetto Platti. Un condensé de la personnalité et du style unique de ce compositeur et grand virtuose d’origine italienne, ayant vécu en Allemagne, à la croisée des chemins entre le baroque et les débuts du classicisme.  Les musiciens italiens ne se contentèrent pas d'inventer l'opéra, la cantate, le concerto et la sonate, ils surent durant deux siècles en moduler le caractère expressif, en redessiner les traits, en actualiser sans cesse la pensée musicale. Ainsi s'avère t-il aussi pertinent que fascinant de constater au sujet de la sonate pour clavier une plus grande parenté spirituelle entre Carl Philipp Emanuel Bach et Beethoven qu'un demi-siècle sépare qu'entre Scarlatti et Platti, contemporains mais dont les esthétiques définirent deux ères distinctes. La teneur dramatique des sonates de Platti participe à la conquête de l'autonomie de la musique instrumentale à la mesure des ambitions du XVIIIe siècle. La simplification de l'écriture harmonique et contrapuntique réoriente les facultés du compositeur vers l'élaboration d'un drame en miniature. A plus d'un titre, Platti est le véritable contemporain de Carl Philipp Emanuel Bach dont les Sonates Prussiennes furent publiées la même année que ses six sonates op.1 (1742). Chez l'italien comme chez l'allemand, le clavecin demeure l'instrument idéal pour le dynamisme et la clarté des jaillissements. L'inventivité des œuvres et la grande musicalité de F.E. Ravizza justifiaient bien quatre cd, somme non pas excessive mais nécessaire à cette découverte à mettre en relation avec celle de ses compatriotes Pescetti et Alberti (label "Concerto" également). Avec ces derniers et le moins méconnu Galuppi, Platti légua la sonate en plusieurs mouvements à Haydn, Mozart et...Clementi. (Pascal Edeline)  Giovanni Benedetto Platti (1697-1763) est né à Padoue ou dans ces alentours, d’autres sources indiquant qu’il était de Bergamo. Il a été une figue importante et représentative du panorama musical du 18ème siècle. Elève de Francesco Gasparini à Venise, il émigra en Allemagne, une destination très populaire à l’époque pour les musiciens italiens qui cherchaient du travail. En 1722, il trouva un poste à la cour du prince évêque de Würzburg, Johann Philipp Franz von Schönborn, où il resta jusqu’à la fin de sa vie. Il a été professeur de chant, un virtuose du hautbois, du violon et du clavecin, un bon violoncelliste et un assez bon chanteur pouvant tenir la partie de ténor si besoin était. En 1723, il épousa la cantatrice Theresia Langprückner, elle aussi membre permanente de la Chapelle épiscopale, avec laquelle il n’eu pas moins de huit enfants, dont certains suivirent les traces de leur père. Platti a commencé à composer dans le style baroque, il s’est orienté plus tard dans le nouveau style galant et dans celui des débuts du classicisme. Au fil du temps, sa musique est devenue de plus en plus allemande, malgré ses origines italiennes. Platti avait un grand sens du rythme, une bonne connaissance du contrepoint (surtout dans ses pièces baroques de début) et une excellente maîtrise de l’harmonie qui donnait à sa musique une considérable variété dans la couleur harmonique. Son style oscille entre Corelli et Vivaldi, l’influence du second étant plus marquée, mais on ressent également les influences de compositeurs tels que Pergolesi et Marcello.

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