 Pas besoin d'être apprenti sorcier à barbe bleue pour deviner combien cet enregistrement original et logique va combler les amateurs d'orgue et de musique française, ni d'avoir des oreilles de Mickey pour reconnaître ici une indéniable unité esthétique (renforcée par les registrations choisies) au-delà des sensibilités individuelles. Le programme commémore, outre son magistère, le 150ème anniversaire de la naissance de Dukas, peut-être notre compositeur humainement le plus attachant avec Ravel. Fin critique aussi, qui encensa immédiatement le Pelleas d'un Debussy qui, au conservatoire, n'avait que trois ans de plus que lui. Esprit si indépendant qu'il en eut des frictions avec ses maîtres, et davantage initiateur que maître d'école : il n'attendait de ses élèves que la qualité différentielle de chacun. Ainsi, ce serait lui qui aurait intéressé un drôle d'oiseau de sa classe... à la maîtrise musicale de la gent ailée. Messiaen, bien sûr, qu'il aurait sensibilisé de même – via Ariane et Barbe-Bleue - au double charme harmonique de la synestésie (percevoir, en l'occurrence, à la fois son et couleur). Se jugeant lui-même si peu innovant dans son temps qu'il détruisit tout son impublié avant sa mort. Bonheur en tout cas ici que cet arrangement pour orgue de La Péri (qui fut ballet pour Diaghilev). Mais aussi l'oeuvre pareillement rare de Jehan Alain, qui mourut trop tôt à défendre le passage de la Loire saumuroise contre l'armée allemande. Et enfin, outre de Messiaen une Ascension (initialement orchestrale) qu'on ne présente plus, une oeuvre courte, néomodale, alliant clarté et simplicité, d'un Duruflé qui, lui aussi, aura beaucoup détruit de ce qu'il considérait comme son inachevé. Dans une filiation dukasienne assez raréfiée, bouteilles à la mer dont le secret nous parle (Bottle Post Secrets). (Gilles-Daniel Percet)  In commemoration of the 150th birthday anniversary of the French impressionist composer Paul Dukas, the 17-year-old organist Sebastian Heindl presents his new transcription of the ballet ‘La Péri’ for the organ and shows the individual ways, in which three of Dukas’s students developed further their teacher’s understanding of music. All of them were organists: Jehan Alain, whose 75th death anniversary is commemorated in 2015, Olivier Messiaen and Maurice Duruflé. The performer comes to the surprising conclusion that, unlike it is generally assumed, there was no abrupt change of style at the transition from romanticism to modernism, but instead a steady artistic metamorphosis which can be found in the teacher-student lineages. This exemplifies Paul Dukas’s relevance as a great teacher who had a significant impact on twentieth century music – literally in the sense of the famous imperative attributed to Richard Wagner: Children, create something new! The young organist Sebastian Heindl received his musical training as a member of the Thomanerchor Leipzig. He has won several competitions for young organists, including the nationwide ‘Jugend musiziert’ competitions in 2012 and 2015.

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