 Après le succès de leur album dédié à Ferdinand Ries (5 de Diapason, 2011) et de celui dédié à Max Reger (Choc de classica, 2009), l'ensemble Oxalys nous propose encore ici un enregistrement de haute volée. Au-delà de leur habituelle qualité d'interprétation, ce sont la richesse et l'intelligence du programme qui interpellent : Claude Debussy, Frank Martin, André Caplet, Gabriel Pierné et Joseph Jongen. Au premier abord éclectique, le choix des sept oeuvres présentées est parfaitement cohérent en ce qu'il nous donne à entendre l'héritage symboliste laissé par Debussy, en commençant bien sûr par une sonate pour flûte, alto et harpe du maître français. On sera aussi heureux de trouver un autre grand inspirateur du symbolisme, en littérature cette fois-ci, par l'intermédiaire de Caplet et son Conte fantastique d'après E.A. Poe. Quant au titre poétique de l'album, il est tiré d'une pièce de Pierné pour flûte, trio à cordes et harpe. On appréciera enfin la diversité d'instrumentation de chaque pièce, diversité permise par les sept types d'instrument qui composent l'ensemble Oxalys : harpe, flûte, clarinette, violon, alto, violoncelle et contrebasse. (Charles Romano)  Le demi-siècle se déployant autour de 1900 représente plus que jamais l’exemple d’une époque troublée, pendant laquelle tout se désintègre et se reconstruit. Ce climat effervescent de conflits et de contrastes est le creuset dont jaillira toute la science, tout l’art, toute la culture du XXe siècle. En France, on érige souvent en pierre angulaire du XXe siècle moderne la publication (1886) du manifeste symboliste de Jean Moréas. Et c’est à Pierre Boulez qu’on attribue généralement d’en avoir déterminé le pendant musical, à savoir la création du Prélude à l’après-midi d’un faune de Claude Debussy (1894), dans laquelle il voit une nouvelle respiration et une nouvelle approche dutemps musical. Au départ de l’avant-dernière oeuvre de Debussy, la Sonate pour fl ûte, alto et harpe, Oxalys a voulu par ce CD éclairer une scène musicale qui d’une part respecte et prolonge cette tradition symboliste, et d’autre part prend appui sur elle pour une recherche de nouveaux moyens d’expression. Sous le qualificatif, bien trop flou sans doute, de « post-impressionnisme », on découvre unemultitude de tendances qui n’auraient pu voir le jour sans l’émancipation de la couleur et de la forme des impressionnistes. Dans son oeuvre, évoluant d’une mélancolie intemporelle jusqu’à une frénésie moderniste, c’est bel et bien Debussy, le père de l’impressionnisme, qui intègre et exprime le mieux la tradition symboliste.

|