 La premiére partie du seizième siècle est l’un des moments les plus heureux dans l’histoire de la culture européenne. L’Italie est au sommet des ses capacités creatives et artistiques avec une étonnante présence et concentration des génies absolus comme Pico de la Mirandole, Léonard de Vinci, Michelangelo et Raffaello. Les nobles clients, toujours en compétition pour l’amélioration et le maintien de leur pouvoir par le faste et la richesse, offrent grandes opportunités et large marge de manœuvre à l’artiste créatif. Aussi les autres grandes hégémonies culturelles de l’Europe, chacune inspireé par l’atmosphère et la subtile coloration de son propre «esprit du peuple» connaissent dans cette période un moment trés important pour la créativité et le renouvellement. Grâce aux périodes comme ça, comme disait l’empereur Hadrien par bouche de Marguerite Yourcenar, on construit des «greniers» de beauté et sagesse dans la perspective de futures famines morales et spirituelles. Pour ce qui concerne la musique, la musique instrumentale pour l’orgue est aussi dans un moment de grande agitation, plein d’innovations et des impulsions qui seront développées pour de nombreuses décennies encore. Le chant grégorien est encore le point de référence pour élaborer la matière “thématique” comme base pour la composition. Toutefois dans ce processus déjà bien consolidé, nouvelles tendances se sont insérées, comme la tablature pour le clavier et le développement des compositions vocales, sacrés et profanes ainsi que la libre invention, qui est encore «en nuce», mais destinée à se développer pour devenir en future l’attitude favorisés dans la composition. Le programme de ce CD a été pensé pour présenter et comparer ces tendances et attitudes différentes, avec un magnifique instrument pour complice: l’orgue construit par le célèbre constructeur de la Ciociaria Cesare Catarinozzi (1660-1743), probablement vers le 1695, pour l’Église de la Abbaye de Saint-Scholastique à Subiaco et maintenant situé dans l’Église de la Novalesa à Suse (Turin), restauré en 2006 par l’organier de Lucca Glauco Ghilardi. Un Prélude sur chacun ton du français Pierre Attaignant, même graveur de la collection à partir de laquelle notre collection s’ouvre, le style est celui des occasions solennelles, la technique des compositions est libre et complétement caractérisée par l’improvisation du clavier. Après il y a trois compositions de Girolamo Cavazzoni, une chanson sur le célèbre thème populaire français “Il Est Bel et Bon” et deux hymnes liturgiques et contrastants pour caractère: “Ave Maris Stella» et «Christe Redemptor omnium». Deux compositions de Heinrich Isaac et le célèbre organiste aveugle Paul Hofhaimer (immortalisé dans une série des xylographies de Hans Burgmayr dédiée aux triomphes de l’empereur Maxime) vous transportent dans la sévère réalité d’au-delà des Alpes: le Ricercare, de libre composition contrapuntique à quatre voix et un “Recordare” en deux parties sur le thème grégorien, créé par trois voix. Le «Plus ne regres” de Marco Antonio Cavazzoni, père de Girolamo, est toujours une tablature d’une chanson vocale, preuve l’influence et les échanges entre pays voisins. Le Ricercare de Giulio Segni est, au contraire, une intéressante tentative dans lequel l’écriture harmonique est comparée avec la fluide horizontalité de la polyphonie instrumentale. Comme Pierre Attaignant, même Andrea Antico, c’est graveur de la collection dont les frottole de Bartolomeo Trombonicino et Marchetto Cara de la Vénétie sont tirées, parmi les autres, entamé par sonar organi “Virgine bella che di sol vestita”, sur le texte de Pétrarque, c’est un chef-d’œuvre de grâce et de spiritualité, en dépit de l’utilisation profane de la collection, presque une relique de “l’amour courtois “ menée en plein Humanisme. Le grand mouvement de la musique vocale italienne, comme pour les chansons françaises, on se déduit par la présence du madrigal “O passi sparsi” de Sebastiano Festa dans la tablature de Lublin, en Pologne. Malgré il s’agit d’un simple morceau strophique, héritière de l’antique madrigal et progéniteur de la plus baroque chanson vocale, la chanson menée par Jan z Lublin (Giovanni de Lublin, en fait) rappelle la douce mélancolie de la poésie contemporaine sur un thème de l’amour. Un grand saut dans le temps et dans l’éspace, nous conduit dans l’Angleterre des Tudor, où nous pouvons écouter deux compositions, hymnes sur le plain-chant grégorien, de charme et un intérêt technique considérable, “Veni Redemptor” par John Redford, dans lequel la mélodie liturgique est composée avec deux autres voix qui en absorbent et imitent les principaux fragments et “Ex more docti mistico” à quatre voix de Thomas Tallis, où nous avons un magnifique exemple de l’horizontalité absolue de traitement polyphonique et un excellent exemple du goût anglais grâce à une extreme “Musique Ficta”, où se produisent souvent en même temps une note et de son propre altération chromatique (par exemple Do et Do dièse, point intense contre remisso, comme Francisco Correa de Arauxo le définira un siècle plus tard). Nous revenons en Italie avec une petite œuvre omnia du maître de Giulio Segni: les quatre Ricercari de Jacopo Fogliano de Modène. Bien que pas particulièrement idiomatique et donc présentant important affinité avec l’écriture vocale, ces chansons ont un impact considérable de force rhétorique-musicale: les formules courtes musicaux qui sont parcourues au cours de ces Ricercari sont placées l’une à côte de l’autre avec un plan constructif et une logique vue dans l’ensemble. Nous retrouverons l’art de la composition libre plus loin dans le temps, dans le soi-disant Stylus phantasticus des prebachiani. Les pièces suivantes illustrent efficacement les multiples nuances de l’âme de l’Espagne du XVIe siècle. Le “Diferencias (variations) sur le Canto Ilano du Caballero Antonio de Cabezon sont l’un des premiers exemples structuré organiquement de thème avec variations, dont l’influence se fera sentir plus tard, dans les Flandres de Sweelinck, puis par ses élèves Allemands comme Scheidemann, Tunder et bien d’autres. Pour chaque variation, le thème est présenté dans une voix différente, composé dans une façon toujours nouvelle. Le “Tiento de quarto tono” de Luis Venegas de Henestrosa est en réalité la tablature de un Ricercare de Giulio Segni, auteur qui nous avons déjà rencontré ci-dessus. Cependant l’intervention de l’espagnol ne se limite pas à une simple transcription de son discours, mais il y a des coupures et parfois une intelligente réorganisation de la matière musicale. Le groupe espagnol est conclut par un morceau beaucoup plus ancien, une Danse Haute de Francisco de la Torre. Composée sur le bas célèbre de “La Spagna” est une chanson à trois voix dans laquelle la partie principale, avec un caractère nettement en solo qui évoque la sonore Chapelle Haute de l’époque, avec ses bombardes et des trombones, il se déplace facilement sur le bas composé note contre note d’une autre voix. Nous arrivons à la fin de notre CD avec deux œuvres qui, comme le dieu Janus, à la fois tournées vers le passé et l’avenir: un Ricercare sur Da pacem Domine de Girolamo Parabosco, un élève de père Vincent et du maître de chapelle de San Marco à Venise Adrian Willaert, tiré par la collection «Musica Nova» et le madrigal Anchor che co’l partire de Cipriano De Rore, composé par Andrea Gabrieli. La composition de Parabosco, artiste de la vie aventureuse et dissolue, probablement représenté par Titien dans sa peinture “Vénus, Amour et l’organiste”, est une œuvre basée sur l’antienne grégorienne d’invocation de la paix. Tout en conservant l’écriture dans le domaine et les limites du contrepoint de l’époque, la technique compositive d’annoncer les premiers fragments de chaque section du cantus firmus donné au teneur, annonce l’écriture du prélude choral que la chance aura dans le domaine luthérien. Avec le passage d’Andrea Gabrieli, simple et pieux, tablature de l’un des plus beaux madrigaux de tous les temps, notre voyage dans l’organe du XVIe siècle en Europe tire à sa fin. Nous avons pu admirer une pluralité d’expression, une richesse d’invention parmi l’influ
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