Isabel Mundry propose ici une introspection contemporaine dans la musique de Guillaume Dufay, à travers des arrangements pour ensemble instrumental de chansons du compositeur français, alternés avec des œuvres originales de Mundry. / « Les chansons de Dufay enchevêtrées à ses propres compositions, voilà une démarche dont le dessein semble être une mise en relief des contrastes entre l’ancien et le nouveau, le lointain et le proche, le familier et l’étranger, le modal et l’atonal. » - Isabel Mundry  Le label très spécialisé Kairos, grand défenseur de la musique contemporaine germanique, porte son attention sur Isabel Mundry, artiste étonnante, et multiple, servie ici par le célèbre Ensemble Recherche, tout du long parfait, distant et austère dans les Dufay-Bearbeitungen, comme très engagé et vivant dans les pièces plus « modernes ». En effet, dans ce disque, Mundry s’attache d’abord à des Chansons de Dufay, qu’elle envisage à travers le prisme de la modernité. Une chanson répétée plusieurs fois se voit éclairée de différences manières, par le moyen d’un habillage harmonique ou rythmique différent. Ces confrontations qu’elle suscite dans ces « arrangements composés » créent la sensation de l’infinie variété, et en partie peut-être, l’expressivité même d’une page musicale. Selon elle, la « musique subit constamment de légers écarts, des déplacements et des métamorphoses, de sorte que la « stabilité des répétitions est (…) inhérente à l’instabilité de [leur] nouvelle interprétation ». Cet album, comme en témoigne le livret comportant une rencontre-interview entre la compositrice et son collègue architecte Peter Zumthor, expose d’une manière générale l’intérêt de la musicienne pour l’organisation, l’architecture. Comment d’un élément microscopique peut germer une œuvre de plusieurs minutes ? L’inspiration ? Non, plutôt la recherche de nouveaux thèmes qui entreront en résonnance avec le thème principal. D’une certaine manière, on retrouve à travers la démarche d’Isabel Mundry un questionnement plus ancien, peut-être à l’origine de formes comme la sonate par exemple. Dans Traces des Moments, Mundry se pose plus spécifiquement la question de la temporalité de l’instant, tout comme la répercussion de celui-ci dans la matière infinie de l’espace : « un entrelacs de résonnance se met en place, les instants y laissant des traces, qui génèrent à leur tour de nouveaux instants… ». Kairos dresse de toute évidence le portrait d’une musicienne étrange, qu’il faut apprivoiser par des écoutes répétées. (Pierre-Yves Lascar)  Née en 1963 à Schlüchtern (Hesse), Isabel Mundry grandit à Berlin. De 1983 à 1991 elle suit des études de composition à la Hochschule der Künste à Berlin. Elle obtient ses diplômes de fin d'études avec Frank Michael Beyer et Gösta Neuwirth. Puis elle mène des études complémentaires auprès de Hans Zender à la Musikhochschule de Francfort-sur-Main. Au cours de sa formation, elle travaille à plusieurs reprises au studio de musique électronique de la Technische Universität de Berlin, ainsi qu'au studio de Fribourg. Parallèlement, Isabel Mundry poursuit ses études à la Musikhochschule de Francfort-sur-Main. / Après des études de musicologie, d'histoire de l'art et de philosophie à la Technische Universität de Berlin, elle est, depuis 1986, chargée de cours de théorie de la musique et de cours d'analyse à la Kirchenmusikschule (école de musique liturgique), matières qu'elle enseigne également depuis 1991 à la Hochschule der Künste de Berlin. Elle obtient, en 1990 et 1992, une bourse de composition du Sénat de Berlin, une bourse de la Musikhochschule de Francfort, et est lauréate du prix Boris Blacher. En 1992, elle bénéficie d'une bourse d'un an à la Cité des Arts, à Paris. / Le travail compositionnel d'Isabel Mundry regroupe des œuvres de musique de chambre pour effectifs variés, en partie en association avec l'électronique , Michael Bach, Eberhard Blum, Christiane Petresch, l'ensemble Klangforum de Vienne, ainsi que des membres de l'Ensemble Modern ont interprété ses œuvres. (Copyright IRCAM)

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