Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
La Flûte enchantée K. 620, opéra en 2 actes

Brindley Sherratt
Maximilian Schmitt
Nine Ledjerman
Iride Martinez
Christina Landshammer
Thomas Oliemans
Wolfgang Ablinger-Sperrhacke
Chœur et orchestre de chambre des Pays-Bas
Marc Albrecht, direction
Simon McBurney, mise en scène

Le spectacle de Simon McBurney avait divisé l’audience du Festival d’Aix, avec son Tamino randonneur et sa Reine de la nuit en fauteuil roulant et canne. Pourquoi non ? Mais transformé ainsi en freak show la Zauberflöte atteint ses limites d’interprétation, d’autant que McBurney joue sur plusieurs registres, affirmant certains éléments, en suggérant d’autres, se réfugiant dans l’ambigüité de ses propres propositions. Une chose est claire en tous cas, il voit la Zauberflöte comme un parent proche de Parsifal. On peut entrer ici, moi j’ai posé ma valise et j’ai tourné les talons. Chacun fera selon. Dommage, car lors des représentations filmées à l’Opéra des Pays-Bas, la distribution vaut le détour, du Papageno brut de décoffrage de Maximilian Schmitt à la Reine de la Nuit d’Iride Martinez et au très impressionnant Sarastro de Brindley Sherratt, du Papageno bonhomme de Thomas Oliemans à la Papagena de Christina Landshamer. Et le Monostatos de Wolfgang Ablinger-Sperrhacke n’est pas piqué des hannetons. L’orchestre historiquement informé mené grand train par Marc Albrecht est un atout supplémentaire. Mais voila, les bonnes Zauberflöte ne manquent pas, les indispensables non plus (Discophilia, Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)

La mise en scène fourmille d’idées - faites votre choix, il y en a pour tous les goûts - mais le manque de cohérence, et une direction d’acteurs inexistante, nous font un bric à brac assez agaçant à la longue. Mais Mozart résiste à tout, y compris à la direction survoltée et sèche de Marc Albrecht. Un peu plus de lyrisme ne nuirait pas. Tamino gâche un joli timbre par une intonation incertaine et des phrasés approximatifs, face à une Pamina bien prosaïque. Voilà un couple qui accomplit son parcours initiatique comme à la parade : aucune fragilité, pas de place pour les angoisses ou le doute. Contresens involontaire de chanteurs surdistribués par rapport aux exigences de leurs rôles. Papageno, beau baryton dans sa plénitude vocale, est vulgaire plutôt que drôle. Restent Sarastro, qui allie noblesse et humanité, et déploierait son somptueux velours si le chef cessait de cravacher au moins le temps de son In diesem heilgen Mauern, et surtout une Reine de la Nuit, effrayante comme jamais (à mon sens la seule véritable, et géniale trouvaille du metteur en scène), couleurs de soprano dramatique dans le medium et colorature impeccable : la quadrature du cercle. Une Flûte expérimentale, intéressante mais frustrante. Souhaitons que le metteur en scène mûrisse sa vision et nous la propose dans une distribution plus homogène : nous tiendrions une grande et passionnante version. (Olivier Gutierrez)