Incroyable ! Dans l’église même où Herbert von Karajan et les Berliner enregistrèrent leurs plus beaux disques, la Jesus-Christus-Kirche de Dahlem, six souffleurs enregistrent en 1983 un album Mozart passé relativement passé inaperçu. Gerd Seifert et ses amis ne s’étaient pas encore totalement remis des troubles créés par la nomination de Sabine Meyer au pupitre de première clarinette. Heureux hasard, la formation requise par les cinq Divertimenti ignore cet instrument, hautbois, bassons, cors font un décor volontiers nocturne, les ingénieurs d’Orfeo plaçant les micros assez loin pour donner l’impression d’un concert de plein air auquel il manque pourtant une certaine fantaisie. Tout cela est joué dans une droite perfection du texte, mais l’esprit ? J’écoute et je m’interroge. Heureusement, Nikolaus Harnoncourt allait faire sa révolution Mozart, sans que les Berliner ne la voit venir. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Second volet de cette réédition : l’ensemble des "5 Divertimenti" K 213, 240, 252, 253 et 270 pour 6 instruments à vent que Mozart composa entre juillet 1775 et janvier 1777. Les historiens hésitent sur leur origine : autres exemples de musique de table pour l’Archevêque de Salzbourg, Hieronymus von Colloredo, dont on sait dans quelle méprisante servitude il tenait le compositeur ? ou œuvres d’inspiration libre composées par Mozart à ses "heures perdues", s’il en fut jamais, pour le seul fait de jouer des tonalités de fa majeur (K 213 et 253), si bémol majeur (K 240 et 270), mi bémol majeur (K 252), et des timbres des 2 bassons, 2 hautbois et 2 cors, sans clarinette puisque, au grand dam de Mozart, cet instrument était encore inconnu et indisponible à Salzbourg en 1777 ?... Ce sont là, sans doute des pages mineures, loin des réussites des grandes sérénades à venir, mais, comme l’estimait en 2004 Jean-Luc Macia, "elles n’en portent pas moins la griffe du jeune Mozart, qui y fait admirer son sens des sonorités poétiques, son aisance mélodique, sa manière de transfigurer une inspiration populaire et des rythmes de danse pour aboutir à de petits bijoux raffinés, agréables et soigneusement calibrés pour divertir les connaisseurs". Il y a là un côté ludique, une verve spirituelle que les interprètes mettent parfaitement en valeur, car elles sont magnifiquement écrites pour les vents. L’Andante varié initial du K 253 en fa majeur témoigne en particulier de l’art subtil avec lequel Mozart sait marier contrapunctiquement les timbres bien différents des trois instruments retenus. Le pimpant finale Presto du K 270 en si bémol majeur, quant à lui, clôt cet ensemble par une page pleine de couleurs et de fantaisie. Admirable. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

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