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Avant la découverte fulgurante de Vivaldi, Benedetto Marcello, appelé le « Patriarche de Venise », était considéré comme étant le plus grand musicien de la ville. Marcelo est devenu célèbre notamment pour avoir mis en musique les 50 premiers Psaumes de la Bible dans son monumental ouvrage sans précédent dans l’histoire de la musique, le « Estro poetico-armonico ». Quatre de ces psaumes sont interprétés ici par l’ensemble vocal Gli Erranti, bien connu en Italie pour la redécouverte de trésors de la musique baroque et en particulier de celle de la ville de Brescia.  Saluons la redécouverte progressive de l’œuvre musicale et littéraire du grand Benedetto Marcello qui, malgré une immense notoriété à la charnière des XIXème et XXème siècles, fut éclipsé. La publication par « Stradivarius » du 1er volume du monumental recueil « l’Estro Pœtico-Armonico » adapté et mis en musique par Marcello constitue un évènement discographique de première importance. C’est de 1724 à 1726 que Marcello composa cette magistrale et ambitieuse œuvre. Ces textes représentent une moisson de cinquante, parmi les premiers, psaumes de la Bible. Le compositeur opta pour la forme de paraphrases poétiques et musicales à partir des textes traduits en italien par son ami Girolamo Ascanio Giustiniani. Ce choix de présenter « l’Estro Poético-Armonico » en italien fut dicté à Marcello par son désir d’isoler ce texte de l’univers musical sacré de son temps. Marcello introduisit des mélodies hébraïques de son temps et fit appel à un effectif instrumental et vocal des plus réduits : un violoncelle, un basson et une contrebasse. Avec l’orgue, il privilégia la ligne de la basse continue devenant une voix à elle seule. Ainsi, parvint-il à atteindre la gravité requise dans cette poésie religieuse très élaborée tout en s’affranchissant de la tradition. Il se situa dans une écriture de musique vocale pré-baroquie. Les diverses parties furent confiées à quatre solistes : soprano, alto, ténor et basse intervenant en alternance en solo, duo ou trio. Un groupe vocal compléta cet effectif de six chanteurs répartis par deux en alti, ténors et basses. Alessandro Casari s’est emparé avec une maîtrise convaincante de la direction et de la partie d’orgue., A. CASARI a judicieusement inséré, à mi-programme, une très intéressante sonate pour orgue en trois mouvements. Très investis dans la musique des XVII et XVIIIèmes siècles, les solistes vocaux sont en tous points remarquables : la chaleureuse basse Walter Testolin, dans le psaume 35 « Trigesimo quinto », traduit ce texte dans un climat de profonde intensité. D’éminents musicologues des universités de Brescia, Padoue et Pavie apportent leur caution à cette séduisante entreprise artistique d’une rare ampleur. L’enregistrement reproduit très fidèlement l’ambiance acoustique de l’église San Lorenzo Martire. Un premier disque exemplaire d’une entreprise du plus haut intérêt. (Pierre Vassal)
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