La guitare, le bandonéon et l’orchestre à cordes, dans deux œuvres célébrissimes du grand Piazzolla, couplées avec une première mondiale : le récent Double Concerto « Luminosa Buenos Aires » de Maximo Diego Pujol, qui, loin d’être un épigone, continue parfaitement la tradition du maître. Une musique vigoureuse et lumineuse, servie avec maestria par les italiens Giampaolo Bandini et Cesare Chiacchiaretta, accompagnés par I Musici di Parma.  D'abord, pour rassurer les grincheux autoproclamés tamponneurs de passeport pour le pays merveilleux de la musique savante, précisons que notre chevalier Astor est sans reproche. Il a même fait de fort sérieuses études classiques, notamment auprès de notre célèbre Nadia Boulanger, ça pose catégorie chic et choc (après, il y eut la classe de Messiaen). Le tout mâtiné par la suite d'une sorte de néotango argentin, présumé libéré avec du jazz autour, s'assurant ainsi une notoriété mondiale assez grand public. Mais – et tout notre vivat le dit – nous ignorions qu'il avait commis comme en clin d'œil ces Quatre saisons, au roboratif cependant d'une infaillibilité un peu courte dans son dandinement frôlant le monotone de derrière de canard (pardon, Carlos Gardel !). De même pour ce double concerto. En complément, on peut se laisser prendre au charme plus contemplatif de celui de Pujol, qui n'a rien à voir avec l'immortel agent de la circulation du dessinateur Loup (De Beur, in Touti Frouti). Mais c'est le prénommé Maximo Diego, également grand guitariste devant l'éternelle luminosité (luminosa) de Buenos-Aires. Les interprètes sont excellents. Surtout au bandonéon (que pratiqua Piazzolla lui-même), mais aussi I Musici di Parma (entendus déjà dans Nino Rota... et le Requiem de Mozart). Côté éditeur, disque qui aurait pu contenir vingt minutes de musique en plus, et dont la présentation des plages n'est même pas numérotée. Cela devient très fashion, cette affectation pas dupe du minimum minimorum des attentes du discophile normalement ergoteur... (Gilles-Daniel Percet)

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