 Plein la vue… pardon, l’ouïe ! Ne vous fiez pas au profil de « bête à concours » de Tyler Hay et écoutez comme il chante. Le programme est peut-être un tribut à son premier prix au concours 2016 de la Liszt Society, mais il nous montre un jeune pianiste (24 ans) qui ne considère pas la virtuosité comme un but : dans des tempi qu’on trouvera peut-être modérés il soigne le discours, le son et le legato. Combien en a-t-on entendues, des « Mephisto Waltz n° 1 » chahutées par les plus grands sous prétexte d’en traduire la brutalité ou le démonisme ? Des dizaines. Mais combien tiennent ainsi la pulsation de valse au point de nous faire croire qu’on pourrait danser dessus ? On en viendrait à pardonner sa facilité (Charles Rosen dirait sa vulgarité) à ce Liszt-là, jongleur de foire. Les qualités de belcantiste du pianiste se retrouvent partout, depuis les quatre « Valses oubliées » (et comment la troisième dialogue avec l’andantino con sentimento de la Ballade n° 1 !) jusque dans les deux grands hommages à Bach, et des « Jeux d’eaux » qui traduisent si bien l’indication «un poco marcato la Melodia et legatissimo ». Après tant de notes le disque se termine presque dans le silence, « una corda » puis « perdendosi » avec le minuscule et laconique « Abschied » dont les notes sont à la portée d’un quasi-débutant : chapeau, on reparlera de ce jeune homme si les petits cochons du « star system » ne le mangent pas. (Olivier Eterradossi) Born in 1994, the British pianist Tyler Hay is a scholarship student at the Royal College of Music where he continues his studies with the eminent piano pedagogue Niel Immermann. He already has an impressive concert diary of recitals and concertos throughout the UK and beyond: this is his debut recital, concentrating on a composer for whom he feels a particular affinity. Indeed his advocacy of Liszt has been recognised in the Liszt Society Competition in November 2016, when he won first prize. Tyler Hay’s Liszt recital ranges over the composer’s protean output. It opens with the Gothic splendour and intricate counterpoint of the Fantasy and Fugue on B-A-C-H but immediately continues in the much more intimate and elusive idiom of the first of the Valses oubliées, which are dispersed like hidden treasure throughout the album. Composed between 1881 and 1885, the Valses are fully representative examples of a ‘late style’ in Liszt, reflective mood-paintings that shift between pensiveness, resignation, and reverie. More extrovert works are interleaved with them. Tyler Hay plays Les jeux d’eaux à la Villa d’Este, the shimmering masterpiece of tone-colour from the second book of the Années de pèlerinage. There is also the pianistic thunder and lightning of the First Mephisto Waltz, and the D flat major First Ballade, before a return to Gothic grandeur and Bach with the Variations on ‘Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen’. Tyler Hay closes this assured debut recital, appropriately enough, with a farewell: the Abschied which is a setting of a Russian folksong supplied to Liszt by his pupil Alexander Siloti: a model of quiet simplicity and one of the composer’s most touching miniatures.
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