Ilmari Hannikainen (1892-1955)
Concerto pour piano en si bémol mineur, op. 7
Quatuor pour piano en fa dièse mineur, op. 2

Oliver Triendl, piano
Christel Lee, violon
German Tcakulov, alto
Jonathan Roozeman, violoncelle
Württembergisches Philharmonie Reutlingen
Florian Csizmadia, direction

Hannikainen ? Tauno évidemment, auteur de quelques gravures sibéliennes majeures. La relative célébrité du chef d’orchestre aura concouru à plonger plus encore dans l’oubli l’œuvre de son compositeur de frère, disparu tragiquement en mer le 25 juillet 1955 : certains accréditent la thèse du suicide. Jusque-là seules ses pièces de piano – Severin von Eckardstein en a jouées quelques-unes lors de la dernière édition du Festival d’Hussum autant de portes ouvertes pour l’éclosion de l’impressionnisme en Finlande – auront assuré sa maigre postérité. Ceux qui les connaissent seront surpris, en bien ou en mal, par le grand concerto supra virtuose qu’Ilmari Hannikainen écrivit à son propre usage. J’imagine bien la stupéfaction des auditeurs de la première, et même celle de Robert Kajanus qui en assurait la direction : partition pléthorique, délirante (le compositeur la coule à la suite de ses "Variations fantastiques"), au final insensé, où l’abondance d’effets ne masque ni le peu d’inspiration mélodique ni une écriture devant beaucoup aux russes. La puissance de l’œuvre, écrite durant la Première Guerre Mondiale, ne se discute pourtant pas, si vaillamment emmenée par Oliver Triendl, même si l’on écoute autant que la partie du soliste le stupéfiant orchestre dont Jonhatan Roozeman assure crânement les délires. Après tant de folie épique la sage Quatuor avec piano composé durant les années d’études risquerait de paraitre fade, mais les belles mélodies, qui font tant défaut dans le Concerto, le ton très romantique, l’écriture si habile qui fait parfois songer aux harmonies suspendues d’Ernest Chausson, tout cela rend l’œuvre, si bien défendue, diablement attachante. Et si demain Oliver Triendl prenait le temps de nous offrir un grand bouquet des œuvres pour piano seul ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)