Une grande version du Saül de Haendel par le très réputé chef allemand Hans-Christoph Rademann, donnée par d’excellent solistes accompagnés par les Dresdner Kammerchor et Barockorchester. Un enregistrement réalisé à l’église Notre-Dame de Dresde dans l’imposante série Haendel lancée l’année dernière par le label Carus.  Dans cet oratorio fondé sur le livre de Samuel où est traitée la chute du roi Saül face à son jeune compétiteur David, Haendel a mis toutes ses complaisances. L’ouvrage est ambitieux, de par la diversité et le nombre des personnages : deux filles pour Saül, deux grands prêtres, la Pythonisse d’Endor et le fantôme de Samuel enrichissent le cast principal Saül-David-Jonathan, et l’on parvient au total à 3 basses, 1 baryton, 3 ténors, 1 alto (superbe David de Tim Mead) et 2 soprani. Originale, la prestation de la Pythonisse (le ténor Éric Stoklossa), sarcastique et inquiétante à souhait, qui contraste avec les beaux timbres chauds de Yorck Speer (Saül) et Clemens Heidrich (Samuel). La partition est elle aussi exigeante, chacun a sa part des sauts d’octave et des vocalises vertigineuses. Quant à l’orchestre, il dépasse les effectifs attendus – encore que le compositeur ait dû restreindre ses projets – car il intègre des instruments censés exister à l’époque biblique, un carillon omniprésent, d’énormes timbales, des trombones, une harpe, des orgues… Près de trois heures de musique dont on retiendra surtout, pour leur beauté funèbre, les chœurs "Mourn, Israël !" et la plainte de David sur fond de chœurs "O Fatal Day". (Danielle Porte)  Saül fait partie des oratorios les plus dramatiques de Haendel. Par son histoire poignante, l'œuvre se rapproche stylistiquement de l'opéra de l'époque comme presqu'aucun autre oratorio. Haendel y transpose en musique toute la gamme des caractères, mettant aussi bien en lumière l'imprévisibilité de Saül que le tempérament vertueux de David. Le chœur est tout d'abord au centre de l'action dramatique, mais reprend également le rôle commentateur hérité des tragédies grecques. La partition demande l'orchestre le plus coloré chez Haendel jusqu'alors : à l'orchestre d'opéra habituel s'ajoutent trombones, harpe, orgue, glockenspiel ainsi que timbales. Ce nouvel enregistrement, réalisé à la Frauenkirche de Dresde par d'excellents solistes, le Dresdner Kammerchor et le Dresdner Barockorchester sous la direction de Hans-Christoph Rademann, paraît dans le cadre de la série Haendel.
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