Peu à peu on découvre en occident l’œuvre de Grigory Frid, compositeur majeur de la génération qui aura suivie celle de Weinberg et de Chostakovitch. Juif, survivant de la grande guerre patriotique, il songea longtemps à écrire un ouvrage s’inspirant du Journal d’Anne Frank, choisissant finalement le genre du monologue lyrique déjà illustré par Poulenc avec La Voix humaine. Le génie de sa mise en musique est encore renforcé dans l’enregistrement du Bolchoï par la présence d’une soprano qui a vocalement l’identité de la jeune fille : Eva Ben-Zvi y est étonnante d’émotion. L’œuvre est d’une puissance suggestive quasi insoutenable, avec son orchestre nuit et brouillard, son grand récit de soprano, ses timbres acides, son tourment constant, je ne peux que m’étonner qu’elle ne soit pas entrée au répertoire courant des théâtres lyriques. Interprétation étreignante, qui culmine dans l’immense passacaille finale. La porte d’entrée absolue pour découvrir un tout grand compositeur. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)