Charles Gounod (1818-1893)
Requiem

Antonín Dvorák (1841-1904)
Messe en Ré

Anne Bretschneider
Christine Lichtenberg
Holger Marks
Georg Witt
Hye-Lin Hur, orgue
Rundfunkchor Berlin
Polyphonia Ensemble Berlin
Risto Joost, direction

Deux réalisations (direction Risto Joost) déconcertantes, de par les arrangements choisis. Dernière œuvre de Gounod, son Requiem fut donné, après sa disparition, avec un effectif de 120 choristes et instrumentistes que dirigeait Gabriel Fauré. L’entendre accompagné par l’orgue seul change radicalement les perspectives, créant une atmosphère désolée qu’accentuent encore les descentes d’une implacable régularité des chœurs, une apothéose du chromatisme, une interminable descente au tombeau. Les chœurs de Radio-Hambourg sont magnifiquement homogènes, sachant exprimer aussi bien une révolte de l’humain contre un destin inexorable (Dies irae) que la soumission résignée à l’inévitable mort. Un lumineux Benedictus éclaire, grâce à la pureté des deux voix solistes (ténor.soprano) l’environnement lugubre créé par les grondements sourds de l’orgue (tenu par Hye-Lin Hur) et par le parti pris du compositeur d’envelopper tous les morceaux (le Sanctus notamment) dans une même tonalité austère et recueillie. La version pour quintette de vents, choisie pour la Messe en Ré de Dvorak cause une impression plus inhabituelle encore, bien compatible avec l’union des timbres vocaux qui vise à l’étrangeté. Jusqu’à ce que les voix solistes comme les chœurs paraissent noyés dans un fond orchestral qui ne charme guère l’oreille. Il manque les cordes… Mais on peut aimer ! (Danielle Porte)