Trois œuvres qui témoignent à leur manière de la vie musicale oppressante, sceptique de Berlin à l’époque de Weimar.  Ces œuvres incarnent la créativité musicale durant la République de Weimar (1918-33). Issus d’une même génération, ces trois compositeurs bénéficièrent dans les années 1920 de l’enseignement à Berlin de maîtres tels que Busoni pour Weill, Schrecker pour Goldschmidt et Schoenberg pour Gerhardt. Œuvre brillante, contrastée et stimulante, la "Suite pour orchestre" (1927) de Goldschmidt fut redécouverte dans les archives de l’éditeur soixante-dix ans après sa composition. Bien que portant le nom d’une danse baroque, chaque pièce n’en est pas moins ancrée dans l’esthétique des années 1920 avec son orchestration colorée et expressive, ses harmonies et intervalles se jouant de la tonalité et son discours mélodique et rythmique captivant, aux fréquents accents populaires, gracieux, entraînant, martial ou mystérieux et sombre. Gerhardt composa son Concertino (1927-28) à la fin de sa période d’étude avec Schoenberg à Berlin et ne fut interprété qu’une fois en 1929 à Barcelone. Harmonies âpres, mélodies tendues, rythmes insistants, chromatisme et contrepoint lyrique en font une œuvre exigeante dans la mouvance des Berg et Bartok. Pour finir, une certaine nervosité et inquiétude animent la "Symphonie n° 2" (1933-34) de Weill entre dynamisme entraînant et triomphant et fuite en avant renforcée par un mouvement lent alternant sombre lyrisme touchant et fureur grandiose (Laurent Mineau)  Les trois compositeurs dont les œuvres sont enregistrées sur ce disque ont étudié à Berlin dans les années 1920 avec trois des plus radicaux et révolutionnaires pédagogues ayant jamais enseigné dans cette ville : l’italien Ferruccio Busoni, l’autrichien Franz Schreker et l’allemand Arnold Schœnberg. Excellent interprétation de Jürgen Bruns, à la tête, bien sûr, de Kammersymphonie Berlin !
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