Don Gilles, ou la musique qui enchante spontanément !  Le mérite de cet enregistrement atypique n’est pas mince. Et rien n’est plus enthousiasmant que la découverte ! Gillis est un compositeur à la croisée des chemins. Non de par sa naissance dans le Missouri, mais parce qu’il se situe au confluent de la musique symphonique sérieuse, quoique très tonale, telle qu’illustrée par Moross, Johnson, Thompson ou Willson et de la musique divertissante, pleine d’humour et d’esprit telle que propagée par le génial Leroy Anderson (1908-75) deux fois primé ici. Gillis, dont une biographie paraîtra ultérieurement dans ces colonnes, est une sorte de Copland, sans l’académisme -au sens de respect des formes de composition- ni la volonté de novation de celui-ci. Et puis Gillis parle de son terroir, contrairement au citadin new-yorkais Copland. Car Gillis c’est du Copland, tendance ‘populiste’, autrement dit de musique accessible, mais qui aurait eu, aussi comme conseillers artistiques, Groucho Marx et John Wayne ! C’est une boutade, mais pas uniquement… Brio, fantaisie, sens des rythmes contrastés autant que les climats, humour des intitulés des mouvements des œuvres. Il alterne une énergie frénétique, endiablée, revigorante, avec l’élégie la plus apaisée, presque étreignante de sérénité. Soit poésie et lyrisme, notamment dans les mouvements lents, façon couchant sur la Prairie. Cette musique est la quintessence de l’Amérique en musique, de celle des grands espaces et d’une certaine mythologie où le cow-boy épouse la chorus-girl. C’est la symphonie du bonheur… Yippee ! Et comme un bonheur ne vient pas toujours seul, c’est une intégrale en cours qui se profile chez l’éditeur… Série ovationnée par ClassicsToday.com (de 8 à 10/10 !). Ici, c’est le formidable orchestre Sinfonia Varsovia (parrainé par Menuhin) qui s’y colle, avec l’irrésistible entrain cravaché par Ian Hobson.  « Je suis convaincu que c’est le cœur qui doit parler, et non pas l’intellect tout seul », disait Don Gillis en faisant référence aux compositeurs qui voulaient plutôt plaire aux critiques et aux enseignants, qu’au public qui prend surtout plaisir à écouter une mélodie simple, chantante. / Le don de créer de la musique qui plait immédiatement, qui apporte le sourire sur le visage de l’auditeur dès la première écoute, n’est pas donné à tous les compositeurs, même pas aux plus grands. Dans l’Europe du 19e siècle, un tel exploit a miroité dans l’œuvre de compositeurs comme Chabrier, von Suppé, les Strauss. Dans l’Amérique du 20e siècle, leurs homologues alternaient fréquemment entre la scène classique et la pop-culture de Broadway, Hollywood, la radio et la télévision, compositeurs tels que Gershwin et Bernstein, John Williams et Leroy Anderson ou bien… Don Gillis. / Ami de Toscanini, qui a créé sa Symphonie n° 5 et ½ !, sous-titrée Symphonie for fun (Symphonie amusante), Don Gillis est l’auteur d’une impressionnante œuvre composée de douze symphonies, sept opéras, deux concertos pour piano, des Rapsodies, des cantates, de nombreux poèmes symphoniques et suites orchestrales, six quatuors à cordes et trois quintettes pour bois, etc.  Premier disque de la série dédiée à Don Gillis (1912-1978), un compositeur singulier dans le paysage musical américain du 20e siècle, dont la musique se caractérise par un goût prononcé pour le comique et le « léger ». Extrêmement prolifique dans virtuellement tous les styles et genres contemporains, se décrivant lui-même come étant fondamentalement un mélodiste, Don Gillis a été influencé orchestralement et stylistiquement par Debussy, Sibelius et R. Strauss.
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