 Malipiero fut le compositeur le plus prolixe de la génération dell' Ottanta (1880), désireuse de rompre avec le post-romantisme et de renouveler la musique italienne, ce qui n'était pas pour déplaire à Mussolini avec qui il fut en bons termes jusqu'en 1934. Dans les quatuors, son langage, s’il trouve en partie son inspiration dans des sources populaires - plus fantasmées d'ailleurs que réelles - ou dans les traditions modales du passé, est profondément personnel : a- thématique, il répugne, au développement, et semble toujours rejaillir, comme une improvisation spontanée, raffinée, aux lignes resserrées. Le morcellement s’y inscrit sans cesse, de façon paradoxale, dans la continuité. Il y a dans ces pages, une horreur de la pause — assimilée à la mort : elles font continuum (8e Q.), trame (1er Q.) sans rien qui pèse. Musique non déclamatoire, finement kaléidoscopique, où le plein est aussi élision et déliaison, mais pas stase. Esthétique de la vibration : le "refrain" non mélodique qui revient parmi les 20 stances enchaînées du 1er Q. évoque pour le compositeur "la joie de celui qui aime écouter les vibrations des cordes à vide". Cette musique exige beaucoup d'attention, mais la suscite aussi en permanence. Le chromatisme fait du 8e Q., qui n'a plus rien de modal ou de tonal, une fabrique magique d'images naissant imperceptiblement les unes des autres. La 6e symphonie (1947) pour orchestre à cordes - sorte de quatuor démultiplié donc - est une œuvre puissante, de facture plus traditionnelle et rapsodique, évoquant aussi bien Respighi (1er mvt.) que Mahler (2e mvt.), Prokofiev que Stravinski. L’interprétation de ces œuvres est très habitée, fouillée, sensible. (Bertrand Abraham)  In the last decade of the 19th and the beginning of the 20th century, two generations of musicians, one against the other, lived side by side: one having a late-romantic education, and leaving a mark on the stage with masterpieces like Cavalleria Rusticana, Pagliacci, Andrea Chénier, Adriana Lecouvreur with Giacomo Puccini as a glorious and sound leader, the other being a host of composers born around 1880 (the so-called generazione dell’Ottanta, generation of the 80s, including Pizzetti, Respighi, Casella, Malipiero) who would meticolously commit themselves to get Italy free from the melodrama oppression and set Italy at the same level of the great European countries (France and Germany), equipping it with an important repertoir of symphonic, instrumental and vocal chamber music. The Quartetto Mitja and the Orchestra Nazionale Artes - directed by Andrea Vitiallo - here perform the first and the last of the quartets by Malipiero and the Sinfonia “degli archi”, three fundamental works to understand how the recovery of the tradition is crucial in the aesthetics of the Italian historical twentieth century.

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