Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait le livret. Où un bon copain vous prémâche l'écoute : ''j'adore cet enregistrement, et nous pourrions nous en arrêter là.'' C'était une bonne idée. Car cela continue (en vrac) avec un jeu sublime, des mélodies lauréates de prix (sic), les meilleurs arrangements que j'ai entendus, un leader visionnaire et téméraire, un coussin de splendeur et de chaleur veloutée (resic), voire un jeu sexy et révérant ( ?). Alto massacre ! Protégeons donc des attentions trop bien intentionnées la mémoire émue de notre bon George Robert, saxo alto qui à 56 ans seulement nous a quittés, en mars dernier, des suites d'une leucémie foudroyante. Ce vaudois commença au piano (admirant particulièrement Oscar Peterson et Bill Evans), puis étudia la clarinette, avant de se faire disciple du gars Adolphe (Sax) aux Etats-Unis, mais surtout sous le magistère de Phil Woods, dont il finit par intégrer le big band. Intronisé Youngblood, surnom indien, par un Sam Woodyard de cette origine, il eut son quartette avec des requins de studios à pointure comme le bassiste Buster Williams et le batteur Billy Higgins, formant aussi quintette avec Tom Harrell, on excusera du peu. C'est l'un des rares jazzmen suisse-generis à figurer dans les encyclos de jazz américaines. A la fin, il revint à Lausanne en haut dirigeant d'une école. C'était un musicien généreux et lyrique, qui a toujours plu à un large public, comme ce sera le cas encore avec ce disque où s'éploient les mélismes melliflus (miel en flux ?) de Michel Legrand sur les arrangements aux tempi un peu trop uniment modérés d'un orchestrateur (danois devenu canadien), Torben Oxbol. Car nous entendîmes quand même notre altiste affirmer : ''En tant que sax, j'ai besoin d'une rythmique qui groove''. Le présent chant du cygne serait-il tombé sur un bec ? (Gilles-Daniel Percet) Alors en rémission d’une grave maladie, George Robert retrouve les studios en 2014 à Vancouver et signe ici avec l’arrangeur et contrebassiste canadien Torben Oxbol, un disque consacré à Michel Legrand. Improvisations lyriques, arrangements somptueux, George Robert nous transmet son amour du jazz et de la mélodie dans une ambiance très cool. Un disque que George Robert a conçu de A à Z avec ses amis Phil Woods et Michel Legrand, du choix des mélodies aux textes, photos et affiches du booklet. Un disque devenu désormais l’hommage à un immense saxophoniste alto, trop tôt disparu. In remission from a serious illness, George Robert was again in the Vancouver studios in 2014, and signed a recording dedicated to Michel Legrand, together with Canadian arranger and double bass player Torben Oxbol. Lyrical improvisations, sumptuous arrangements, George Robert shares his love of jazz and melody in very cool atmosphere. A CD that George Robert designed from A to Z with his friends Phil Woods and Michel Legrand, from the choice of melodies to the texts, photos and posters of the booklet. A CD that has now become an homage to a magnificent alto sax player, who left us far too soon.
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