La version révisée par le prisme contemporain du mythe d’Orphée et Eurydice, dans cette œuvre que le compositeur qualifie de théâtre musical. Nous assistons pourtant ici à un véritable drame lyrique, dont la mise en scène intrigante est extrêmement bien révélée par la caméra. Un enregistrement déjà publie par Kairos en CD quelques années auparavant, qui retrouve enfin, à travers l’image, sa vraie dimension dramatique.  Compositeur autrichien d'origine suisse, Beat Furrer est né le 6 décembre 1954 à Schaffhausen. Il s’installe à Vienne en 1975 pour étudier la composition avec Roman Haubenstock-Ramati et la direction d’orchestre avec Otmar Suitner. En 1985, il crée l’ensemble Klangforum Wien (d’abord appelée "Société de l'Art Acoustique"), dont il est le directeur artistique jusqu’en juillet 1992 et qu’il continue de diriger encore aujourd’hui. Depuis 1992, Beat Furrer est professeur de composition à l’Université de Musique et d’Art dramatique de Graz. / Les arts plastiques, la littérature, le jazz forment l'arrière-plan d'où naissent les premières œuvres. Certaines techniques s'apparentent par analogie aux procédés plastiques : superposition de couches qui cernent progressivement un objet en revisitant une même structure, effets de clairs-obscurs. Ce travail de différenciation extrême entre les sons, les gestes et les textures se ramifie par endroits en des trames très denses ou se tient, au contraire, au bord de la dissolution. La tendance à laisser certains éléments non-fixés, ou encore à laisser se développer les figures de manière autonome à l'intérieur d'un cadre réduit, reste une marque de son écriture jusque dans les dernières œuvres. La forme musicale procède le plus souvent par processus superposés, recouvrements ou dévoilements progressifs, filtrage ou distorsion de mécanismes ou de matières raffinées, parfois déchirés par des gestes emphatiques surgissant dans toute leur étrangeté. La voix enfin, du balbutiement bruité jusqu'au langage constitué, occupe dans ses compositions une place décisive. Les instruments, comme la voix restent souvent proches de l'énonciation parlée. Parmi ses œuvres de théâtre musical, citons son premier opéra Die Blinden, créé en 1989 au festival Wien Modern, Begehren (2001) et Fama (2005), qualifié de Hörtheater (théâtre pour l’écoute). (Copyright Ircam)

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