Benjamin Britten (1913-1976)
Sinfonia da Requiem, op. 20
Winter Words, op. 52 (orchestration de R. Holloway)
Extraits de "Le Prince des Pagodes", op. 57

Nicky Spence, ténor
London Philharmonic Orchestra
Edward Gardner, direction

Les trois opus manquaient au cycle Britten toujours en cours pour Chandos, Edward Gardner a-t-il préféré les publier dans ces captations de concert qui accroissent encore leur impact ? La Sinfonia da Requiem n’a que rarement (Barbirolli, Rattle) exposé à ce point ses charniers et ses orages d’acier : le Dies Irae est si enténébré et si tranchant, les bombes y pleuvent et détonnent, le souffle a dû manquer aux mélomanes rassemblés le 27 avril 2022 au Southbank Centre’s Royal festival Hall, l’amertume du "Requiem aeternam" a-t-elle pu les consoler ? Pas certain. Trois jours plus tard Nicky Spence étreignait la version orchestrée par Robin Holloway des "Winter Words", un cycle qu’il fréquente depuis un certain temps, cycle majeur et pourtant comme tenu à la marge du compte des chefs-d’œuvre de son auteur. Loin d’évoquer Peter Pears ce que son ténor plus centré lui interdit, Nicky Spence narre avec son mordant natif les épisodes satiriques et amers (The journeyring boy), les pures étrangetés ou semble paraitre les fantômes du Tour d’écrou (The little old table), et soudain sait toucher au cœur dans le quasi-Copland de "The Choirmaster’s burial". L’orchestre, aussi inventif et fidèle à la fois, n’est pas un apport décisif. Une année auparavant, Edward Gardner faisait entendre sa propre mouture de certains numéros tirés du grand ballet "The Prince of the Pagodas". Vous irez d’abord au gamelan des Pagodes, où Britten rend un hommage évident à Colin McPhee, mais savourez la variété des styles et la finesse de cette baguette qui sait marier le précis de la pantomime et les élans plus classiques du ballet, donnant envie d’entendre tout l’œuvre au complet dans ce qui pourrait être, après les enregistrements majeurs du compositeur puis d’Oliver Knussen, une passionnante nouvelle proposition. (Discophlia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)