Donizetti LÉlixir damour Sierra Avetisyan Terfel Pinkhasovich Dufresne Quatrini Pelly

Filmée à Covent Garden, on retrouve avec plaisir la jolie production de Laurent Pelly, vue jadis à Bastille. La transposition dans l'Italie des années 50, des décors simplement beaux - comme toujours avec le metteur en scène français qui a l'intelligence de ne pas chercher à choquer en traînant les oeuvres dans les ornières des idéologies du moment - la direction d'acteur d'une précision maniaque, tout cela fonctionne parfaitement, et cette musique qui paie comptant ne demande pas plus. Nadine Sierra est una Adina craquante et bien chantante, rien à voir cependant avec l'énergie et la sensualité de Netrebko, sa devancière dans cette production. Liparit Avetsyan compose un benêt bien sympathique, mais un timbre passe-partout et un registre aigu mal assuré privent son Nemorino de séduction. Le Belcore de Boris Pinkhasovich n'oublie pas qu'il s'agit de bel canto, mais son timbre et son phrasé sont trop avenants pour la caricature de militaire raide et prétentieux qu'est Belcore. Reste Bryn Terfel, qui domine physiquement et vocalement cette production. Après presque trois décennies d'une carrière considérable, la voix est dans un état de fraîcheur surprenant. La technique, robuste, et surtout la prudence auront été payantes - ne pas abuser des Sachs et Wotan que les maisons d'opéra lui réclamaient à genoux, limiter ses apparitions, ne pas gaspiller son énergie en voyages lointains : Londres reste son port d'attache. Dans le rôle relativement court de Dulcamarra, le baryton basse, avec son abattage, son génie comique, et son humanité, steels the show comme disent nos amis britanniques. Une prestation qui devait être documentée. Pour le chanteur gallois donc, et pour cette mise en scène délectable, un film qui mérite de figurer dans nos DVDthèques lyriques. (Olivier Gutierrez)