 Représentant environ cinq heures de musique, l’œuvre pour piano seul de Dimitri Chostakovitch repose sur deux cycles majeurs : les Préludes op. 34 puis les Préludes et fugues op. 87 qui seront certainement l’objet de deux volumes ultérieurs, auxquels il faut ajouter deux sonates pour piano. Entre quête d’un certain avant-gardisme, la musique de Chostakovitch – et ses œuvres datent pour la plupart de l’époque de sa jeunesse lorsqu’il se produisait en récital – associe une volonté (antiromantique), un néoclassicisme évident, ainsi que l’emploi parfois du sérialisme. Il s’agit d’un kaléidoscope d’écritures et d’influences que le pianiste, compositeur et chef d’orchestre italien Eugenio Catone a fort bien perçu. Il n’assèche pas les diverses pièces, tout en préservant le caractère ironique, composante essentielle du langage de Chostakovitch. La polyphonie demeure limpide, les rythmes saillants. Bach et Beethoven demeurent en germe dans la structure musicale du jeune Chostakovitch. Par la suite, les influences de Debussy, Stravinski et Prokofiev, ainsi qu’un esprit d’une fantaisie non-conformiste s’imposent. Tout ceci est magnifiée dans les Trois Pièces fantastiques alors que les morceaux d’enfance du jeune Dimitri évoquent davantage Chopin. Eugenio Catone ne tente pas de faire dire davantage à ces partitions que ce qu’elles expriment. Il le réalise avec un naturel confondant. Quel contraste avec les géniaux 24 Préludes op. 34, chef-d’œuvre forgé au début des années trente ! Stravinski et Ravel teintent ces pages si bien interprétées. (Jean Dandrésy)  Dmitrij Dmitrievic Shostakovich was one of the most influential, praised and widely performed composers of the twentieth century: his unmistakable style has left an indelible mark on the aesthetic taste of the modern listener and on the DNA of the contemporary orchestra. Nevertheless, up to this day, his piano works have been rarely played by performers and listened to by the public, almost obscured by the exceptional nature of his extensive chamber and symphonic production. Considering his outstanding ease of writing and well-proven ability to compose music under all kinds of circumstances – even unfavorable ones –, Shostakovich’s piano production for piano appears relatively small and, above all, sporadic. These pages are not less extraordinary because of that. On the contrary, many of them show a degree of ambition and depth of purpose that are not second to those of his chamber and symphonic masterpieces.
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