 Giuseppe Cambini (1746-1825) et Luigi Cherubini (1760-1842), arrivèrent à Paris le premier au plus tard en 1773, le second en 1787, de leur Italie natale, et y demeurèrent toute leur carrière, jusqu’à leur mort. On peut donc les considérer comme des compositeurs français, et s’étonner d’autant de la déshérence de leur œuvre dans notre pays aujourd’hui. Si Cambini s’inscrit parmi les auteurs à succès de musique instrumentale dans cette fin du XVIIIème siècle, avec une production ahurissante de quatuors et quintettes à cordes principalement, Cherubini se distingue surtout par sa production lyrique. Professeur puis Directeur du Conservatoire (1821), il écrit à l’intention de ses élèves de chant, en 1799-1801, 477 pages de "Solfeggi" de 1 à 6 voix. Ces morceaux, écrits comme une musique "désincarnée", peuvent aussi bien être joués aux instruments. Leur exécution chantée laisse rêveur, vue la virtuosité requise des interprètes (Moderato et Fugue du Trio en do majeur). Cette musique transcendante évoque irrésistiblement les transcriptions effectuées par Mozart pour trio ou quatuor à cordes des préludes et fugues de Bach, dont elle adopte souvent la forme, et démontre si besoin était le génie, la maîtrise suprême de l’harmonie et du contrepoint, et l’invention du compositeur (le plus grand compositeur vivant, selon Beethoven). On ne peut que regretter que ses fonctions ne lui aient laissé le temps de composer, outre ces pièces, que 6 quatuors à cordes (entrepris après 1830) et un quintette à cordes, par ailleurs des chefs-d’œuvre. Nous nous retrouvons dans un univers plus familier avec les trois trios de Cambini (publiés dès 1770 et partie d’un corpus de 145 trios ! ! !), celui de la musique galante cosmopolite où le maître Livournais a excellé pendant plus de 40 ans. Ces trios de jeunesse démontrent déjà la veine mélodique inépuisable, l’emploi neuf, en soliste, du violoncelle et de l’alto (instrument de Cambini), ainsi que la veine expressive "sensible" (Adagio du trio n° 3) qui séduisit, avant nous, les mélomanes européens de cette période des Lumières. L’interprétation fougueuse et colorée du jeune Trio Hegel est idéale. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)  The renowned Trio Hegel, violin, viola and cello, in this CD is offering to us an extract of the chamber music prevalent in the salons and the courts at the end of the eighteenth century up to the mid/late nineteenth century. The authors of these compositions - Cherubini and Cambini - were both of Tuscan origin, and both worked in Paris (Cherubini there was even director of the Conservatory from 1821) enjoying great fame. The string trios here are compositions rich in nuances and gallantry (according to the taste of the time), always very well made; they represent a summary of what was the typical Parisian hausmusik, bringing the listener to the enchanting atmospheres of Paris in the late nineteenth century.
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