 À peine s’était achevée la célébration du bicentenaire de la naissance de César Franck, que le jeune Ingmar Lazar (1993) s’est remis à la tâche, les 3 et 4 février 2023, pour proposer un enregistrement associant le jeune et brillant pianiste qu’était César Auguste au compositeur consommé qu’était devenu le père Franck, le Pater seraphicus sous lequel on l’appréhende et le désigne plus souvent. Un diptyque donc, qui, a priori, valorise un parcours créatif, une évolution esthétique. D’un côté la première des deux Sonates de jeunesse, l’opus 10 de 1835-36, qu’avait déjà enregistrée Patrick Dheur (Stradivarius STR37222) tandis que la seconde, opus 18 de 1837, demeure dans l’oubli, suivie du Premier Grand Caprice opus 5, de 1843, qui semble marque l’instant ou le jeune virtuose aimé des salons s’oriente, à la demande de son père, vers la carrière plus valeureuse de compositeur. Et, de l’autre côté, deux des œuvres cycliques de la maturité ayant assuré la renommée de ce dernier : l’ultime œuvre pour piano qu’est Prélude, Aria et Finale, de 1887, d’inspiration profane, rappelant quel virtuose avait été Franck, et, d’inspiration plus religieuse, le Prélude, Choral et Fugue, de 1884, auquel on ne pouvait échapper. On admirera dans l’ensemble de ce programme l’engagement d’Ingmar Lazar et sa volonté de restituer toutes leurs qualités si distinctes aux œuvres de jeunesse et de maturité, son sens certain de l’architecture musicale dans ces dernières et d’une fantaisie ayant du mal à se libérer des conventions de la tradition dans les premières. Mais il faut dire que dans ce répertoire et avec le même souci de confronter les deux visages d’un compositeur reconnu, les comparaisons sont nombreuses… Si, parmi les enregistrements récents, on rappellera, par exemple, celui de Stephen Hough (Hyperion CDA66918), au-dessus de tous éloges, on dispose avec celui d’Ingmar Lazar d’une alternative parfaitement crédible. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) In February 1835, the young César Franck gave his first public performance as a pianist in his home town of Liège. At that time, he was still a student at the Ècole royale de musique, which he had first entered in 1827. Following more successful performances in the same year, he completed his studies in Liège and went with his father to Paris to receive further training from Anton Reicha, Pierre Zimmerman and Hippolyte Colet. At the end of the year, father and son returned home to plan César's future career from there on. During this time, César composed the three-movement Piano Sonata (op. 10), which is still very much in the spirit of the classical period and clearly borrows from his role models, but this is to be expected from a 13-year-old boy. César broke away from the formal stylistic idiom of the classical period after leaving the Paris Conservatoire in 1842. His father pushed him toward a career path as a virtuoso, and the son complied, composing his own pieces for this purpose, following in the tradition of piano works by Franz Liszt, Frédéric Chopin and Johann Nepomuk Hummel.
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