Deux œuvres se côtoient sur ce disque : l’une extrêmement connue, la célèbre Messe en mi mineur de Bruckner, l’autre totalement occultée jusqu’ici, le grand Requiem de Rheinberger, eh oui , enregistré ici en première mondiale ! Georg Grün, comme à chaque fois à la hauteur à la tête de son KammerChor Saarbrücken, dans un nouvel enregistrement de marque pour le label Carus.  Dans sa célèbre Messe en mi mineur, Anton Bruckner relie la tradition de l’ancien style vocal de Palestrina et les moyens musicaux de son temps. En dehors des sonorités âpres et des contrastes dynamiques, cette œuvre se distingue de ses autres messes par son inhabituelle formation instrumentale : un ensemble à vents seuls. Aux côtés du motet d’enterrement Libera me de Bruckner, le Requiem en mi bémol majeur de Josef Gabriel Rheinberger est enregistré ici pour la première fois. Dans cette magistrale composition a cappella, Rheinberger réussit, avec des moyens simples, à créer une grande tension et des effets musicaux efficaces. Le KammerChor Saarbrücken démontre une fois de plus ses grandes qualités et convainc particulièrement dans les passages a cappella très homogènes ainsi que par ses nuances raffinées. (Carus-Verlag) / Le chef de chœur Georg Grün a regroupé pour son dernier album deux pages rarement diffusées du romantisme allemand, composées pour grand chœur. La Messe en mi mineur de Bruckner, page imprégnée d’un grand sentiment de nostalgie dès l’ouverture étonnante du Kyrie, fascine d’emblée par ses harmonies étales, ses structures polyphoniques très travaillées (Sanctus). Cette œuvre destinée au plein air pour l’inauguration de la nouvelle cathédrale de la ville de Linz rappelle sans conteste la musique de Palestrina, et pourtant, étonne par son aspect moderne, anticipant par moments certaines pages nordiques du XXème siècle, bien plus tardives, également pour chœur. Ce Bruckner-là regorge de plans sonores qui s’entrechoquent, et impressionne déjà en 1869 par un sens très particulier du temps musical – le maître de Saint Florian débutait à peine son travail de symphoniste (Symphonie n°1, Symphonie n°0). Le Libera me, moins passionnant, est une page de jeunesse du compositeur autrichien : elle fut composée en 1854. Georg Grün dirige ces œuvres avec un plaisir incontestable, sa direction s’avère parfaite, comme son chœur, nonobstant des voix parfois un peu aigres (tutti dans l’Agnus Dei par exemple). La raison première de ce disque réside naturellement dans le Requiem de Rheinberger, une première mondiale au disque comme les aime si souvent le label Carus de Stuttgart. Rheinberger est un compositeur « munichois » souvent regardé comme modeste, et son Requiem opus 84 restera une découverte – charmante - d’un intérêt tout à fait documentaire… (Pierre-Yves Lascar)

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