 Aussi belles et aussi pures, aussi vives et fraîches que soient ces "voci bianche" féminines du chœur italien Artemusica, elles ne parviennent pas pleinement à l'alchimie créée par les voix de jeunes garçons anglais expressément requises par le compositeur (Westminster Abbey avec Neary, Westminster Cathedral Choir avec Hill, St John's College avec Guest). C'est moins homogène, moins compact, plus individualisé, projeté autrement, et, pour tout dire, moins mystérieusement enchanteur. L ' « anglicité » de l'œuvre, aussi spécifique qu'indéfinissable, s'estompe parce que, justement, rien n'est tout à fait assez fondu, assez estompé ici. Par ailleurs la procession introductive, redoublée par la récession finale, qui font précisément de l'œuvre une cérémonie au plein sens du terme, changent de signification dans ce CD : elles ne sont plus chantées a cappella par des voix ambulantes qui se rapprochent ou s'éloignent, mais sont accompagnées comme le reste de l'œuvre, « en scène », par la harpe. Dans la Missa Brevis, on perçoit ça et là , par comparaison avec Guest qui offre le même programme, comme de légères inflexions saint-sulpiciennes (début de l'Agnus Dei par exemple). La partie du CD consacrée à des pièces ou des arrangements de J. Rutter et de Willcocks qui ne sont pas, Outre-Manche, nécessairement interprétées par des voix de jeunes garçons, est une belle réussite. (Bertrand Abraham)

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