Après les quintettes de Chostakovitch et d’Anton Rubinstein parus chez le même éditeur, la formation finlandaise propose l’un des chefs-d’œuvre du romantisme allemand couplé avec une autre pièce intéressante, mais beaucoup moins connue : le quintette de Herzogenberg. Du compositeur autrichien, on connaît avant tout les symphonies n° 1 et n° 2, partitions fortement teintées de wagnérisme. Il en va tout autrement du quintette, d’une énergie plus brahmsienne. Le piano tient une place avant tout concertante, les cordes assurant une texture orchestrale. Les interprètes soulignent la diversité des atmosphères et la une fluidité du discours. Quelques relents de Schumann voire de Chopin irriguent le très suave adagio. Les deux mouvements conclusifs sont battus sur des formules de danses fortement influencées par le tempérament rhapsodique de certaines pages de Brahms. Sans forcer le trait, les musiciens jouent habilement des textures d’une musique bien faite. Il en va bien différemment avec le chef-d’œuvre de Brahms. La grandeur symphonique du quintette, l’hommage à Beethoven, la qualité de l’écriture expose pleinement la musicalité des cinq musiciens. Ils possèdent une idée précise de cette musique dont ils privilégient notamment dans le finale, la précision rythmique à une emphase qui serait inappropriée. Deux solides versions. (Jean Dandrésy) Pihtipudas Kvintetti porte son nom d’après une communauté du nord de la Finlande qui organise depuis 1982 des journées culturelles, comportant des concerts et des cours de musique de chambre. Le violoniste berlinois Götz Bernau, premier violon de l’ensemble, est l’un des fondateurs et depuis 1985 il est président de cette «Kultuuripäivät». Tous les membres de l’ensemble qui a été fondé en 1987 sont musiciens, professeurs d’université ou chefs d’orchestre et donnent également des cours lors du festival «Kultuuripäivät». A la différence des quatuors à cordes habituels, qui se produisent avec la participation occasionnelle d’un pianiste pour jouer les quintettes pour piano, le Pihtipudas Kvintetti se consacre uniquement à la littérature écrite pour cette formation instrumentale. Au cours de ces concerts en Finlande, en Allemagne et dans d’autres pays d’Europe, le quintette joue, à côté des œuvres classiques, des œuvres inédites et oubliées. Leur répertoire compte aujourd’hui des œuvres de Bruch, Borodin, Ives, Elgar, Saint-Saëns, Bloch, Beach et de divers compositeurs scandinaves.
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