 Peut-être faut-il, lorsqu'on aborde la Missa Solemnis, avoir dirigé les symphonies pour rendre l'esprit démiurgique de cette musique déferlante et compulsive. Posséder ce fameux « art de la transition » qu'incarnait à merveille Wilhelm Furtwängler. Le probe Helmut Rilling ne prétend pas bouleverser la vision de la Missa Solemnis (Réécouter Gardiner et Harnoncourt) il ne cherche pas la démonstration, l'idiome formel beethovénien mais à l'exemple d'un Klemperer jadis, il en délivre le message : « Venant du cœur, qu'elle aille au cœur » inscrit explicitement au front de la partition. Son interprétation est de nature plus narrative que visionnaire. Lumineuse et forcément spirituelle. A rebours des Toscanini, Beecham et Bernstein qui personnifiaient outrageusement, l'art de Rilling est celui d'un thérapeute. Il prend son temps et caresse la partition comme on masse un membre endolori. Par le geste (la direction) et les doigts (le tact), la messe se révèle peu à peu (Kyrie et Gloria studieux) pour parvenir à un vrai climat de prière (Sanctus) et de sérénité (Agnus Dei). La masse s'enflamme (presto survolté du Sanctus) et puis s'apaise (somptueux Bénédictus). Soulagés de la douleur, chanteuses et violon vibrent alors de concert. Savamment, Helmut Rilling puise de chacun pupitres, solistes chœur et orchestre une véritable cohésion et de ce fait, il obtient une émotion bouleversante. Le tandem orchestre et chœur (Gachinger et Collegium se Stuttgart) sonne pourtant désuet, d'un autre âge (on est quand même en 1995) mais sa prestation est remarquable. Quant aux solistes, généreusement engagés il est vrai (Quivar et Coburn s'égosillent, Schmidt est bien) ils suivent docilement la battue souple, rigoureuse et les didascalies de leur chef. Rilling est la personnalité que l'on sait, preux, humble et généreux. Cet enregistrement fait partie de la somme essentielle d'œuvres sacrées que le chef allemand thésaurise, toujours déterminé à partager à son public, dans une forme d'ascèse personnelle, son héritage. (Jérôme Angouillant)  Beethoven's sacred masterpiece, the Missa Solemnis, has thrilled audiences with its monumental splendor and grandeur of vision since its premiere. Even the master himself described his Mass as "the greatest work that I have written so far." And the unusually long duration of the works evolution – originally intended for the occasion of the appointment of the Archduke Rudolph of Austria to the Cardinal Archbishop of Olomouc in June 1819 to the score’s completion in March 1823 - is external evidence of the extraordinary commitment of the intensity the composer’s effort. The Mass reveals Beethoven at the height of his powers and Helmuth Rilling, the Bach-Collegium Stuttgart, the Gächinger Kantorei Stuttgart and the outstanding quartet of vocal soloists have achieved world-wide acclaimed in producing a reference recording of this great masterpiece, which is now available once again in a new edition as part of the “Great Choral Works” series at a special price!
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