 Avoir proclamé en premier opus des trios avec piano (dédiés au prince Lichnowsky) montre combien Beethoven en était fier, et surtout du troisième. Haydn effarouché conseilla d'en modérer la publicité, ce qui vexa l'impétrant. Bref, l'oeuvre donna le bourdon au maître, d'où l'élève pris la mouche. Sur le modèle du concerto de Mozart de même tonalité, il est dans ce ton dramatique de do mineur qui en signe déjà la personnalité, parfois la véhémence. Il étend le domaine de la lutte haydnienne de la majorité en ajoutant un quatrième mouvement à la tradition tripartite. Il fut arrangé en quintette à cordes (op. 104). Quant à l'allegro de son prestissimo final, il débouche sur une ample mélodie provenant de l'esquisse de l'Octuor à vents (op. 103), avant de conclure en do majeur. Le sixième trio, lui, contemporain de la 5ème symphonie et de la Pastorale, fait un peu couple avec celui des Esprits, avec même dédicataire femme. Ses proportions s'équilibrent avec élégance dans un pur bonheur lyrique, moins pénétrant qu'intime et serein. Ses mouvements sont peu contrastés, avec aucun de vraiment lent, et un allegro final presque bonhomme. Nos décidément excellents interprètes ont la bonne idée de ne pas avancer dans ce grand corpus chambriste par ordre chronologique, mais aussi de nous donner en complément des variations assez peu jouées. C'était la mode des morceaux à succès tirés d'opéras populaires (ici Le petit bonnet rouge, de Karl Ditters von Dittersdorf), très ornés façon XVIIIème siècle. Cet op. 44 fut publié en 1804, quand la réputation du compositeur n'était plus à faire. Mais on pense que son origine est plus lointaine. Il fut probablement esquissé dès 1792, et finalement exclu de l'op. 1. On a pu supposer qu'il avait été initialement prévu comme finale du tout premier trio. (Gilles-Daniel Percet)  ?The third series of the complete recordings of the works for piano trio made by the Swiss Piano Trio presents a key work of Beethoven - the Piano Trio in C minor, Op. 1, No. 3 published in 1795 - which also achieved central importance for Beethoven's music beyond the genre of the piano trio. Already here, Beethoven tested the approach of a condensation of thematic relationships in order to create a compelling formal and dramatic plot, at the same time creating a broad expressive spectrum. The fifth Piano Trio in E-flat major, Op. 70, No. 2 composed in 1808 goes a decisive step beyond that: unexpected elements and a subjectification come to light here that were to exercise a substantial influence on the romantic generation. The 14 Variations on an Original Theme in E-flat major, Op. 44, unfortunately regarded as merely a work of secondary importance, reveal a witty and calculating composer who is able to elicit an incredible plethora of variations and metamorphoses from a banal triadic theme. It is to a certain extent a "finger exercise", but it reveals in each moment the superiority of the composer Beethoven, admired by and puzzling to his contemporaries in equal measure.

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