 Ces trois sonates composées à Köthen dans les années 1720 montrent à quel point l'art de Bach était une récapitulation, une géniale synthèse des styles des siècles qui l'ont précédé : contrepoint, imitation, style concertant, et bien sûr la fugue dont il fut le grand maître. De même, tout en promouvant le violoncelle dans ses fameuses Suites, il redonna des couleurs à la viole de gambe qui commençait à s'effacer. Pour cet album, c'est un violoncelle piccolo, de tessiture semblable à la viole, qu'a choisi Federico Bracalante : un petit violoncelle muni de cinq cordes et accordé à l'ancienne : ré-la-ré-sol-do. Et le pianiste Alessandro Deljavan a substitué un pianoforte au clavecin. Du point de vue stylistique et formel, ces trois sonates sont très différentes et ne forment pas un cycle. Les deux premières adoptent la forme sonata da chiesa en 4 mouvements. La troisième par contre, en 3 mouvements, s'organise comme un concerto. Dans les trois sonates, le clavier est conçu comme un instrument concertant, parfois prédominant. Il ne renonce à sa fonction concertante qu'en deux occasions : dans l'andante de la sonate en ré majeur (BWV 1028) et au début du vivace de la sonate en sol mineur (BWV 1029). Il s'ensuit un discours compact, en trio, avec de continuels renversements de l'appareil mélodique d'un instrument à l'autre, suivant une rigoureuse application contrapontique, en imitation. Cela est particulièrement évident dans la sonate en sol majeur (BWV 1027) conclue par une véritable fugue. Mais le chef d'oeuvre est peut-être la sonate 3, avec un premier mouvement en expansion, riche en articulations rythmiques, de structure concertante, dans une profusion d 'images pittoresques ; un bref adagio, de trame légère ; et un final d'une grande richesse thématique, très « cantabile ». Autre génération, autre style : dans cet album, entre les sonates 2 et 3 du père, est intercalée la sonate opus 17 en do mineur du « Bach de Milan et de Londres », Jean-Chrétien, qu'il a composée en 1779, dans le cadre de son association avec Karl Friedrich Abel, le dernier compositeur et virtuose de la viole de gambe, élève de Jean-Sébastien Bach qui a aussi composé pour lui. Jean-Chrétien y fait montre de toute la brillance de son style galant, ou l'ivresse mélodique, l'élégance, la sensualité, l'apparente facilité masque un métier très sûr, qui savait explorer profondeur et passion. En bref, un album passionnant. (Marc Galand)  This recording emerged from a quest to explore new rhetorical and poetic spaces, timbres, and dynamics, aiming to reveal the soul of J.S. Bach’s splendid sonatas for viola da gamba and harpsichord. The cello piccolo, an instrument similar in size and texture to the viola da gamba, proves ideal for capturing the lyrical quality of some movements and the virtuosity of the more intricate and faster passages. The fortepiano, an English instrument beautifully restored, was chosen to emphasize the contrapuntal nature of the three trio sonatas, particularly in the continuous duetting of the right hand with the cello.
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