 On pourra trouver le geste mesuré, le son humble, la simplicité même du propos un peu « en deçà » de ce que tant de pianistes auront produit dans la Première Partita. Yuan Sheng sait bien que le voyage sera long, et dès le Praeludium nous prévient et en quelque sorte nous prépare : il prendra son temps et nous forcera à prendre le nôtre. Une fois accepté ce discours discret, cette demie obscurité du son, ce toucher immatériel qui abolit les marteaux, et jusqu’à des ornements très étranges, qui ne commentent pas mais jouent dans la polyphonie, le filtre agit. Le pianiste chinois veut une sorte d’immobilité du texte, mais en rien sa pétrification : les lignes sont fluides, les danses suggérées, toujours sur les pointes, avec une souplesse, un rebond qui seraient de l’hélium pur, tout cela joue parfaitement mais lorsque parait le chef d’ouvre du cycle, la 5e Partita, le toucher se fait impérieux, les marteaux reparaissent, le son se sculpte, toujours élancé pourtant. Quel caractère ! Si bien que soudain tout le cahier s’articule autour de ce point décentré. Je n’en ai certainement pas fini avec le Bach de ce pianiste si particulier, dont chaque nouveau volume montre une facette singulière d’un art qui aura trouvé mieux que son objet, son sujet. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Il existe de nombreuses façons d'aborder Bach au piano : certains par un jeu sec et sans pédale essaient de retrouver la sonorité du clavecin, d'autres entendent tirer parti des possibilités de l'instrument moderne. A la fois pianiste et claveciniste, Yuan Sheng propose une lecture à mi-chemin entre les deux. S'il joue sans pédale et avec peu de legato (son phrasé semble par moments s'inspirer des Sonates et Partitas pour violon), il utilise en revanche toutes les possibilités de nuances des pianos d'aujourd'hui. Le Prélude de la Partita n°1 se pare de mille couleurs impossibles à produire au clavecin, comme si le piano avait plusieurs claviers. Dans l'ouverture solennelle de la Partita n°2 en revanche, il refuse d'utiliser la puissance de son instrument : il évite tout emphase en jouant les accords sèchement comme pour se rapprocher du clavecin. Chacun se fera un idée de ce qui lui plaît le mieux dans cette approche radicale et parfaitement assumée. La dernière Partita me semble particulièrement réussie, les courts motifs rythmiques (notamment les syncopes de la Courante) conviennent bien à son jeu, et le tempo assez allant de la Sarabande rappelle justement ses origines dansées. (Thomas Herreng)  The six partitas for keyboard are the last set of suites that Bach composed and the most technically demanding of the three. They were composed between 1725 and 1730 or 1731. As with the French and English Suites, the autograph manuscript of the Partitas is no longer extant. In keeping with a nineteenth-century naming tradition that labelled Bach's first set of Suites English and the second French, the Partitas are sometimes referred to as the German Suites. This title, however, is a publishing convenience; there is nothing particularly German about the Partitas. In comparison with the two earlier sets of suites, the Partitas are by far the most free-ranging in terms of structure. Unlike the English Suites, for example, wherein each opens with a strict prelude, the Partitas feature a number of different opening styles including an ornamental Overture and a Toccata. This is the third instalment of Yuan Sheng’s complete Bach cycle played on the piano, previous issues include the Goldberg Variations and the Italian Concerto/French Overture. This recent recording of the complete 6 Partitas is again a marvel of elegance, wit, rhetoric and brilliance, played on a modern Steinway. Besides pursuing an international career Yuan Sheng is Professor of Piano at the Bejing Central Conservatory of Music.

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