 Kronenberg est un prodige : écrivain doublé d'un musicien, et vice-versa. Face à Bach, Il a, dans l'interview retranscrit dans le texte d'accompagnement de ces CD, une attitude de romancier : empathie, reconstruction "intérieure" d'un Bach dans lequel il se projette simultanément. Il aborde ces concertos comme on construit une histoire, fabrique son Bach par une espèce d'intuition et d'osmose savante. Plus artiste au sens superlatif du terme qu’interprète : d’un côté il pousse jusqu'au bout la logique de l'interprétation sur instrument moderne : Bach sur grand Bösendorfer. On entend tout, les voix intermédiaires sont magnifiées, c'est dynamique, enlevé, brillant, intelligent et diablement "motorique" (les tempi du début du 3e mouvement du 1052 sont d'ailleurs délibérément transformés 3/4 devenant 6/8). Pour un résutat paradoxal : on a parfois l'impression que le pianiste concerte beaucoup plus avec lui-même qu'avec l'orchestre, que ce grand jeu est en quelque sorte dédoublé. Certains mouvements lents apparaissent trop étirés, par contraste avec le sort réservé aux mouvements rapides. D’un autre côté, la sagesse, avec le choix - justifié à priori - de jouer "baroque" avec le 1057 : clavecin pour éviter le déséquilibre sonore d'un Bösendorfer avec 2 flûtes à bec. Mais comble du comble : on a l' inverse de ce qu'on attendrait : le clavecin paraît écrasé par les deux flûtes, tant il est maigrelet, terne. Perahia qui osait marier les flûtes alto au piano est plus équilibré ! Kronenberg enchante et emporte sur le moment. Mais que reste-t-il après l’écoute ? Où est la poésie ? David Fray, avec des choix pas si éloignés, faisait à mon sens bien mieux. (Bertrand Abraham)  Le fabuleux pianiste Yorck Kronenberg en est déjà à son deuxième CD, paraissant dans le série Movimentos, cette collaboration éditoriale qui associe GENUIN à l’Autostadt Wolfsburg. En compagnie de l’orchestre de chambre de Zurich, il interprète l’intégrale des concertos pour piano de Johann Sebastian Bach. Un projet de grande envergure, que les musiciens abordent en faisant preuve d’une légèreté ample et d’une joie de jouer bien audible. Les voix secondaires s’épanouissent, tout danse et chante pour notre plus grand plaisir. L’instrument de Yorck Kronenberg fait rayonner des sonorités suscitant l’enthousiasme, et ces oeuvres, écrites à l’origine pour le clavecin, résonnent comme neuves, en toute fraîcheur ... peut-être exactement comme Bach se les imaginait ?  The outstanding pianist Yorck Kronenberg is now presenting his second CD in the Movimentos Edition – a collaboration between GENUIN and the auto city of Wolfsburg. He performs all the piano concertos of Johann Sebastian Bach together with the Zurich Chamber Orchestra. This is a major undertaking that the musicians approach with great lightness and joy in playing. Subsidiary voices blossom, everything vibrates and sings out the joy and pleasure of this music. Kronenberg's grand piano is illuminated in timbres that inspire listeners, allowing the works (originally written for the harpsichord) to sound completely new and fresh – perhaps exactly the way Bach conceived them?
|