 Bach toucha en 1747 le pianoforte sorti des ateliers de Silbermann, cédant enfin à tout le bien que lui en avaient rapporté ses fils, Carl Philipp surtout. Luca Guglielmi poursuit ici un projet de longue haleine, revisitant les œuvres de clavier de Bach sur des pianoforte, que ce soit des Christofori ou comme ici une copie de Silbermann. La luminosité naturelle de l’instrument, sa capacité à chanter et à tenir les lignes qui l’éloigne du clavecin sans en perdre la poétique essentielle, suffiraient à lui donner raison, d’ailleurs il m’avait convaincu depuis ses Variations Goldberg. Mais il ya plus, en dehors même des affinités électives où passent le souvenir des grands toccateurs italiens ou français que Bach admiraient : Luca Guglielmi joue son Clavier bien tempéré comme une immense suite poétique, le délivrant de toute tension, ignorant les pièges de la rhétorique, son Silbermann chante et fuse, projetant soudain la grammaire de Bach dans son futur, laissant l’Empfindsamkeit s’y engouffrer. Soudain une logique nouvelle entre prélude et fugue, fantaisie et rigueur s’impose, changeant le visage de l’œuvre. Que nous réservera le Premier Livre ? J’ai hâte. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Sur quel clavier jouer ce recueil de 24 Préludes et fugues ? Pianistes et clavecinistes se disputent l'attention des mélomanes qui, le plus souvent, apprécient l'une et l'autre option. Luca Guglielmi a choisi, pour leur rendre vie, une copie d'un piano-forte construit en 1749 par Gottfried Silberman (durant les dix dernières années de sa vie, Bach disposait d'un piano-forte de ce facteur). Ce parti-pris présente l'avantage de faire entendre un timbre moins saturé que celui du clavecin et moins assourdi que celui des pianos modernes. Couleurs, relief, mordant et une certaine âpreté caractérisent l'émission de cet instrument. Cette substance sonore permet au musicien de produire des lignes claires dont on suit aisément l'entremêlement contrapuntique. Les allures rythmiques sont franches et entrainantes. L'ajout d'ornementations, toujours bienvenues, sait rester sobre. L'interprétation, respectueuse du texte, confère à ces pièces un caractère d'objectivité qui n'affaiblit en rien la vitalité qui anime leur déploiement. Elle mérite de figurer aux côtés des plus appréciées parmi toutes celles qui ont été données au clavecin ou au piano moderne. L'abondante discographie de Luca Guglielmi, qui fut élève de Ton Koopman, assistant de Jordi Savall, et enseigne aujourd'hui le clavecin, le piano-forte et la musique de chambre à l'Ecole supérieure de musique de Catalogne, témoigne en faveur d'un talent à la réputation toujours confirmée tout au long de ses publications. (Alain Letrun) Das Wohltemperirte Clavier, a collection of preludes and fugues in all major and minor keys completed by Johann Sebastian Bach in 1722, was clearly modelled along the lines of Ariadne Musica by Johann Caspar Ferdinand Fischer (1662-1746, Kapellmeister in Baden from 1715 to 1746) – an organ music anthology published for the first time in 1702 and probably known by Bach in its second 1715 edition. Bach took Fischer’s original layout of 20 keys and expanded it to a total of 24, thereby creating the first self-contained collection of music written for the entire corpus of existing keys. Bach, who, on the handwritten title page of the beautiful copy now preserved in the Berlin Staatsbibliothek (Mus. Ms. P 415), signed as Hochf. Anhalt-Cöthenischen Capel-Meistern und Directore derer Cammer Musiquen, clearly indicated his purpose in composing this incomparable collection: “for the profit of musical youth desirous of learning, and especially for the pastime of those already skilled in this study.” Regarding the instrument we have chosen for this recording of Vol. II, we have selected a copy by Kerstin Schwarz of the fortepiano built by Gottfried Silbermann in 1749, now preserved in the Germanisches Nationalmuseum in Nuremberg. In recent years a clearer picture has emerged of Bach’s instrumentarium, and one can infer that in the last ten years of his life he had a Silbermann fortepiano at his disposal. By then he regarded it as a valid alternative to the harpsichord, the clavichord, and the Lautenwerck, which, taken together, embodied the generic term Clavier. Silbermann, for his part, relied on Bach’s assistance as Cantor to help him sell his valuable instruments (a fortepiano cost as much as a Capellmeister’s annual salary!), and he was entirely indebted to Bartolomeo Cristofori for the design of his fortepiano mechanism, which he later applied to the robust makeup of harpsichords of late German build. This recording of the Zweyter Theil of Das Wohltemperirte Clavier is dedicated to her memory as well to her husband, the late Paul Badura-Skoda (*1927 †2019), incomparable pianist and soloist on historical fortepianos.
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