 Le propos par lequel Antonio Meneses, prodigieux violoncelliste, présente ces œuvres éclaire parfaitement la portée qu'il donne à leur interprétation : « on tend à penser que la musique de qualité pour violoncelliste soliste vit le jour avec les six suites de Bach et a seulement connu un regain d'importance à la fin du siècle alors qu'en fait l'ère romantique produisit également un nombre exceptionnel de pièces solistes, dont le Caprices de Piatti constituaient le sommet. [...] Il me semble que cette musique possède une qualité inhérente propre et qu'elle ne devrait pas être interprétée comme une simple série d'exercices techniques mais comme des miniatures inspirées et poétiques à part entière. » De la technique, il en faut, certes, pour rendre des œuvres qui donnent sans cesse à l'auditeur l'impression d'être polyphoniques et de nous faire entendre non pas un, mais deux ou même parfois trois violoncelles dialoguant ensemble (voir par exemple la juxtaposition et comme la quasi-superposition surprenante des différents registres de l'instrument dans le caprice n° 12 de PIatti). Mais la prouesse technique de l'interprète est ici complètement transcendée, sublimée et comme effacée au profit d'une expression artistique sensible et juste qui confère à chacune de ces pièces une atmosphère spécifique. L'auditeur oublie aussi, du même coup, que ces morceaux ont été conçus, au départ, comme des études. Piatti offre par exemple dans ses caprices un compendium de toutes les techniques du violoncelle : coups d’archets, attaques des cordes, legato, staccato, ricochets, double, triple, quadruple cordes, exploitation de tous les intervalles etc. Rien pourtant qui sente l’exercice, la démonstration. Pas de virtuosité ébouriffée ou fébrile dans ces pages, mais l’exposé, le déploiement calme ou enjoué, triste ou mélancolique de lignes, de réseaux, de motifs, de schémas mélodiques et rythmiques à la fois réguliers, répétitifs et variés. On reste, d'une certaine façon, malgré le changement d’époque ou d’esthétique, dans la lignée des suites de Bach ! Une très belle réussite. (Bertrand Abraham)  Cello virtuosity reigns on Capriccioso, the new album by Grammy-nomiated Antonio Meneses, one of today’s most esteemed cellists. He harks back to his predecessors – a quartet of European cellists who composed dazzling works for their own instrument. At the heart of the album are 12 Caprices by 19th century Italian cellist Carlo Alfredo Piatti, as well as his Capriccio sopra un tema della Niobe Di Pacini (Caprice on a Theme from Pacini’s “Niobe”. Antonio adds the Bohemian-born David Popper’s Etude No. 29, and bookeneds the album with etudes by the French brothers Jean-Louis and Jean-Pierre Duport.
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