La pochette du disque nous montre sur un sobre fond blanc une délicate vignette du drapeau américain vibrant au gré du vent. A l'écoute, bien qu'il ne s'agisse pas du même genre de musique chorale, on songe au titre des Beach Boys : Good Vibrations, tant l'impression d'empathie et de vibrations positives animent le chœur Polyphony et son chef Stephen Layton. Reprendre le hit de Samuel Barber l'Agnus Dei, réarrangé à toutes les sauces et qualifié de « saddest music in the world » (sic), et qui frôle d'assez près le sirop d'église ; de cette manière magistrale relève du miracle. L'aiguillon des sopranos, la puissante retenue des basses et le geste magiquement suspendu du chef, innervent cette page comme de l'iode fluorescente. Comparer par exemple à la belle lecture qu'en fait Accentus (Naïve) revient quand même à favoriser l'équipe anglaise en terme de justesse d'expression. Quelques chants de Samuel Barber dont l'écriture, précise et différenciée, balisent l'œuvre du compositeur, complètent à bon escient le programme. Chaque mélodie tirée de poésies choisies (dont James Stephen, Emily Dickinson, Walter de la Mare) démontre la faculté de Barber d'habiter le texte, et, sur le plan de l'interprétation, la science du chef Stephen Layton, ainsi que l'excellence des pupitres, sinon de chaque chanteur. Rigueur d'articulation, variété des climats, subitilité des dynamiques, s'appliquent aussi à l'exigeante Missa Brevis de Bernstein, et aux quatre motets de Copland, essais de jeunesse dont on saisit ici la véritable pertinence. Ces deux œuvres avaient déjà été enregistré par Marcus Creed et le Vokalensemble dans le cadre d'un programme similaire (America - Hänssler). Là aussi, Layton affiche éloquence et crudité alors que Creed paraissait doucereux et planant. Supplément de choix, les deux jolies pièces de Randall Thompson nous font découvrir un musicien attachant dont l'esthétique est plus proche de la tradition chorale anglaise (Tavener, Lauridsen) que de ses confrères américains. Un disque « indispensable ». (Jérôme Angouillant) Un nouvel—et bien trop rare—enregistrement du chœur Polyphony sous la direction de Stephen Layton présente quelques monuments du répertoire choral composés par quatre génies américains: Samuel Barber, Leonard Bernstein, Aaron Copland et Randall Thompson. En sus des élégantes pièces favorites de Thompson, Alleluia et Fare Well, le programme comprend la Missa brevis de Bernstein, quatre motets de jeunesse de Copland ainsi, bien évidemment, que l’inimitable Agnus Dei de Barber. An all-too-rare new recording from Polyphony and Stephen Layton presents highlights from the choral repertoire by four twentieth-century American giants: Samuel Barber, Leonard Bernstein, Aaron Copland and Randall Thompson. Framed by Thompson’s understated favourites Alleluia and Fare Well, the programme includes Bernstein’s Missa brevis, Copland’s early set of four motets, and—of course—Barber’s inimitable Agnus Dei.
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