 Trois cycles de l’heureuse entre deux-guerres, piano solaire, où passent des souvenirs de mazurkas, harmonies pimentées (et jusqu’à une petite étude gentiment atonale pour clore les Impromptus, où Tansman s’amuse !), une fantaisie de rythmes et de couleurs qui dans les Arabesques, écrites pour Janine Cools, rencontrée chez Eschig, se pare d’une certaine nostalgie (l’Intermezzo), et rêve dans une Mazurka très Chopin, haïku tendre dont le compositeur avait le secret. Ces harmonies dorées ne sont parfois pas si loin de celles d’un Poulenc. On franchit un cap avec les Huit Novelettes de 1936. L’extase immobile du Caprice à Grigory Glückmann, le gamelan cérémoniel d’Exotique, écho de son voyage à Ceylan, la tziganerie très hungarisante, le blues, autant d’essais de stylisation où Alexandre Tansman semble vouloir enfermer ses pérégrinations de globe trotter dans son piano. De tout cela Elzbieta Tyszecka rend compte avec art, grand son qu’elle sait moduler, jeu clair mais profond, elle fait passer dans les Novelettes, opus majeur, le sentiment d’une certaine raréfaction dans les pièces lentes, blanches comme du Satie ou du Stravinski. Dommage, pour le Prélude et fugue elle ne touche pas le clavecin demandé par le compositeur et comme l’avait crée Marcelle de Lacour. Bémol négligeable devant un si bel album. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  La pianiste polonaise Elzbieta Tyszecka poursuit l'enregistrement de l'intégrale de la musique pour piano d’Alexandre Tansman. Ce disque est le huitième qu'elle consacre à son compatriote. Compositeur prolixe (9 symphonies, 3 opéras), il laisse pour le piano essentiellement des œuvres courtes, dont une partie à but didactique. Les trois suites enregistrées s’apparenteraient plutôt à un laboratoire de son style. Toutes les pièces sont très courtes (sur les 19, une seule dépasse 5 minutes) et rassemblent une grande variété de style, d’une Etude atonale à une danse polonaise en passant par des Fanfares que l'on croirait sorties de la plume de Bartók. Malgré des titres hérités du XIXème siècle, et un hommage à Chopin, Tansman propose une écriture bien ancrée dans le XXème siècle. La suite de Novelettes, un peu plus tardive, bénéficie de la rencontre du musicien avec les musiques extra-européennes. Y figurent une danse javanaise assez développée (mais qui ne cache pas l’influence de Satie), et un blues aussi américain que ceux de Copland. Un voyage agréable à travers un répertoire méconnu, qui laisse espérer un enregistrement des pages plus substantielles (les Sonatines et surtout les Concertos). (Thomas Herreng)

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