 Ces œuvres ont été composées entre 1924 et 1925 par quatre compositeurs étroitement contemporains que ni leurs origines, ni leur style ne rapprochaient particulièrement. Pourtant chacune témoigne de ce qu'apporta à la musique, en dehors même du bouleversement introduit plus tôt par l'école de Vienne, la courte période de remise en question et d'innovation comprise entre 1918 et la crise de 1929. Ce qui réunit ces pièces, c'est le traitement particulier qu'elles imposent au concerto : celui-ci ne met plus en scène de grands orchestres face au Soliste, mais des effectifs restreints (jamais plus de 12 musiciens ici) relevant de l'orchestre de chambre, ce qui, du même coup, modifie le statut du violoncelle solo : Hindemith parle à propos de sa Kammermuzik n° 3 de 10 solistes, Martinu répertorie les instruments sans préciser s'ils sont solistes ou accompagnateurs… L'autonomie des pupitres est à son comble dans la partition de Toch, dont le 4e mouvement semble annoncer la musique pour cordes, percussion et célesta de Bartok. Cette déconstruction du concerto comme forme monumentale, renoue, en un sens, avec la tradition baroque. Il y a d'ailleurs chez Hindemith (1er et 2e mouvements) comme chez Ibert (Gigue), quelque chose de la suite, et de la danse. Cet allègement des formes est littéralement mimé par la façon dont les musiciens s'effacent, les uns après les autres, à la fin de la pièce d'Hindemith. Dans sa présentation (malheureusement non traduite), le jeune et brillant violoncelliste C. Heesch montre à quel point il a su exploiter jusqu'au bout, comme l'orchestre, la logique contenue implicitement dans ces pages : scansion extrêmement claire, lisibilité absolue, autonomie des pupitres, interaction permanente entre eux, aération et respiration vivifiantes qui circulent à tout moment dans une musique à la trame pourtant serrée. Un Hindemith plus lent, mais plus ciselé, et donc plus urgent et passionnant que celui de Harell avec les musiciens du Concertgebouw et R. Chailly. Et partout un élan, un engagement, une pulsation, une dynamique irrésistible. Un grand disque qui rend un égal hommage à des pages inégalement connues (Bertrand Abraham)  The young cellist Christoph Heesch is releasing a revolutionary CD on Genuin. The prizewinner of the Fanny Mendelssohn Sponsorship Award plays four cello concertos from 1924-25, each of which is a sensation in itself. The composers Paul Hindemith, Jacques Ibert, Bohuslav Martinu and Ernst Toch wrote exciting music for an exciting time: they broke all conventions and put the solo instrument and orchestra in a new relationship to each other. Christoph Heesch throws himself into these virtuoso, melodious, cumbersome works with verve. In short: absolutely worthwhile works that you do not want to listen to anywhere else than from this CD.
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